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ANALYSES.hartmann. Die Religion des Geistes.

grâce rédemptrice et foi du cœur, grâce sanctificatrice et foi pratique. L’auteur, dans tout ce chapitre, part de ce point que la « représentation », le sentiment et la volonté s’unissent dans la fonction religieuse et que cette fonction religieuse est essentiellement une foi. Envisagé du côté de Dieu, le « rapport religieux » prend le nom de grâce. Foi et grâce offrent une identité fonctionnelle. « Autant, dit en effet l’auteur, il serait mal à propos de parler d’un rapport religieux, si toute l’activité devait être cherchée du côté de l’homme et si Dieu était pétrifié à la façon d’une idole insensible, autant il le serait si c’était du côté de Dieu qu’on plaçait toute l’activité et si l’homme était rabaissé au rôle de pur théâtre des actions divines. La foi est aussi active que la grâce ; il n’y a pas non plus partage et division d’activité entre la grâce et la foi, mais chacune des deux parties consacre sa pleine et entière activité à l’acte religieux, ce qui n’est possible sans contradiction que dans le cas où grâce et foi cesseront d’être deux actes s’échangeant mutuellement, mais les deux côtés indivisibles d’un seul et même acte, de l’actualisation momentanée du « rapport » religieux. Le même « rapport » en acte qui, envisagé du côté divin, s’appelle grâce, ce même rapport, considéré du côté humain, est foi, et c’est précisément par cette unité réelle de la fonction que le « rapport » en acte devient un lien réel et spécifique entre Dieu et l’homme. »

Les trois derniers sous-titres de cette section correspondent, on le voit à la lecture seule, à la triple division précédemment introduite : intelligence, sentiment, volonté. La religion s’adresse à ces trois côtés de l’activité humaine. Voici la conclusion de cette partie de l’ouvrage : « Nous pouvons retenir comme résultat acquis que la grâce est une, bien que dans la vie spirituelle religieuse de l’homme, selon la fonction à laquelle elle se rapporte, elle se présente comme grâce révélatrice, grâce rédemptrice et grâce sanctificatrice, que la foi est l’expression unitaire des aptitudes religieuses de l’homme, laquelle, selon la prédominance momentanée de la « représentation », du sentiment ou de la volonté, se présente tantôt comme foi intellectuelle, tantôt comme foi du cœur, tantôt comme foi pratique, et que la foi divine, d’une part, essentiellement identique dans ses différentes manifestations, et la foi humaine dans son unité, d’autre part, représentent les deux côtés, concevables séparément, mais en réalité inséparables, de la fonction religieuse. En tant que cette fonction bilatérale, à la fois divine et humaine, est le passage à l’acte du rapport religieux, nous avons saisi en elle le centre proprement dit de la vie religieuse, qui, par son unité, garantit à la fois l’unité et la solidité du rapport religieux ; nous y avons également trouvé la source centrale d’où jaillit constamment dans sa plénitude variée toute la richesse de la vie religieuse, et à laquelle elle revient. »

II. Métaphysique religieuse. — Cette seconde partie de l’ouvrage en constitue le noyau : elle offre une importance exceptionnelle. L’auteur