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Sur le terrain philosophique et théologique où s’est transporté aujourd’hui M. de Hartmann, nous nous sentons, d’une façon générale, beaucoup moins éloigné de lui qu’en ce qui touche la conclusion excessive et insoutenable qu’il prétendait tirer de l’étude de l’histoire des religions.

Avec lui, nous croyons à l’avenir de la religion, contrairement à la doctrine de l’école d’Auguste Comte. Mais nous ne croyons pas à « la religion de l’avenir », c’est-à-dire à la nécessité de substituer une nouvelle forme religieuse à celle qui prévaut chez les peuples placés en tête de la civilisation.

La « dogmatique » de M. de Hartmann se distingue en un point essentiel de celle des théologiens précédents, des essais de Hegel, Fichte, etc. : elle passe sous silence la personne d’un Sauveur plus ou moins divinisé ; elle est donc, comme il l’indique lui-même, extra-chrétienne ; d’autre part, elle est résolument hostile au déisme ou théisme {ce dernier terme étant à la mode), que je considère avec lui comme assez mal compatible avec l’admission du mysticisme religieux, exigeant l’union de l’homme et de Dieu.

Cependant je ne puis taire que, en dehors même du propos spécial à M. de Hartmann, de cette « religion de l’esprit » à l’avènement de laquelle il prétend travailler pour un avenir éloigné, d’ailleurs, comme il le déclare expressément, — son dernier volume ne me paraisse passablement artificiel. On ne peut dissimuler son étonnement de voir la terminologie et les divisions de la théologie traditionnelle maintenues si rigoureusement dans un système qui a la prétention de la renouveler du tout au tout. L’œuvre est d’ailleurs d’une lecture, sinon difficile, tout au moins peu attrayante. Le point de départ est remarquablement original et neuf : il me semble que ces qualités se sont émiettées et comme perdues dans l’étude méthodique et également consciencieuse de toutes les parties. Je me demande si ces trois cents pages, si pleines, si surabondantes d’aspect, n’auraient pas gagné à être réduites en soixante.

Maurice Vernes.

G. Buccola.La legge del tempo nel fenomeni del pensiero : saggio di psicologia sperimentale : La loi du temps dans les phénomènes de la pensée. Milan, Dumolard (Biblioteca scientifica internazionale). In-8o. xv-432 pages, avec tracés graphiques et planches.

Sous la forme d’articles, de comptes rendus ou d’analyses des périodiques, nous avons tant de fois entretenu nos lecteurs des travaux relatifs à la durée et à la mesure des actes psychiques que ce sujet doit leur être familier[1]. Malheureusement, ces études, poursuivies avec

  1. Voir en particulier dans la collection de la Revue, tome I, 267 ; II, 215 ; VI, 393 ; VIII, 677 ; X, 236 ; XI, 431 ; XIII, 102, 216, 329, 334, 530 ; XIV, 113, 579, 689. 700 : XV, 566, 575, 690.