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à supposer qu’elle l’est aussi chez la seconde. Les phénomènes manifestés par les animaux décapités sont plus facilement explicables dans l’hypothèse qu’il existe une certaine conscience que dans l’hypothèse contraire. L’effort perpétuel qu’on fait pour éliminer la conscience montre que sa présence est suggérée naturellement,

Les faits montrent aussi que la conscience n’est pas, chez tous les animaux, une fonction confinée aux hémisphères ; et la différence du développement du cerveau chez les oiseaux et chez les reptiles et mammifères montre que les mêmes fonctions, y compris celles de la conscience, peuvent être accomplies par différentes parties du cerveau. L’auteur ne voit pas de difficulté « à croire que la conscience peut s’étendre le long du nerf ». Probablement à l’état normal, aucune partie du corps munie de nerfs cérébro-spinaux n’est fonctionnellement séparée du cerveau.

En ce qui concerne la connexion des opérations mentales avec les hémisphères, il y a trois théories : 1o Différentes portions de chaque hémisphère sont les organes de différentes qualités mentales (Gall). 2o Les mémoires partielles et autres notions sont emmagasinées dans les cellules nerveuses. C’est la thèse courante qui est admise implicitement par presque tous les biologistes, quoiqu’il n’en ait été fourni aucune preuve. 3o Il n’y a aucune raison de croire que les qualités ou actes de l’esprit soient logés dans autant de réceptacles séparés. — L’auteur se rallie à cette troisième hypothèse, sans méconnaître son caractère purement négatif et tout ce qu’elle laisse d’inexpliqué.


The Journal of speculative Philosophy.

July 1882. — January 1883.

Shadworth H. Hodgson. La philosophie dans ses rapports avec son histoire (discours prononcé devant la « Société aristotélicienne de Londres » ). — Tout sujet, grand ou petit, spéculatif ou pratique, contient un élément rationnel qui est sa philosophie, c’est-à-dire sa connexion rationnelle avec un tout plus vaste. Parmi les philosophies, les unes suivent les grandes routes, les autres des routes de traverse ; mais toutes ont un caractère inévitable : l’anthropomorphisme. L’auteur insiste sur la philosophie d’Arisote et sur la scolastique, dont l’influence a survécu bien plus qu’on ne pense même dans les pays protestants. Il marque le trait caractéristique de la philosophie moderne (subjectivité) et distingue de nos jours, comme philosophies subsistantes, outre la scolastique, l’hégélianisme, la philosophie de Schopenhauer-Hartmann, le positivisme, le criticisme et l’agnosticisme (Herbert Spencer)

J. Dewey. Le panthéisme de Spinoza. — Spinoza est un prestidigitateur qui met ensemble deux dieux : l’un est la perfection infinie et l’être absolu ; l’autre est simplement la somme de l’univers avec tous ses défauts, Par un tour de passe, il met devant nos yeux tantôt l’un,