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LES LOGICIENS ALLEMANDS

(LOTZE, LANGE, DÜHRING, SIGWART. SCHUPPE, BERGMANN, WUNDT).

I

LES PROBLÈMES DE LA LOGIQUE CONTEMPORAINE.

Les discussions logiques se sont ranimées en ces dernières années avec une énergie qu’on ne leur avait pas connue depuis la fin du dernier siècle.

Le retour triomphant du dogmatisme métaphysique avait fait oublier pendant le premier tiers de notre siècle les sages prescriptions de la méthode kantienne. Mais bientôt le profond discrédit que les aventures de la dialectique à priori jetèrent sur la philosophie sembla devoir profiter aux entreprises relativement plus mesurées du mécanisme scientifique.

Il se trouve pourtant que le dogmatisme des savants n’a pas su échapper mieux que celui des métaphysiciens aux réclamations de l’esprit critique. Et, si le rapide déclin de l’école de Hegel a constaté la banqueroute définitive des ambitions de la philosophie transcendante, le succès actuel et croissant de l’Histoire du matérialisme de Lange a victorieusement démontré que les illusions du dogmatisme scientifique avaient décidément fait leur temps.

Après avoir oublié les sages réserves de la méthode critique, au milieu des entraînements successifs de la spéculation à priori et du mécanisme expérimental, la pensée du siècle s’est prise de nouveau à se défier d’elle-même, à s’interroger sur les titres et les procédés de la connaissance. De là le réveil des recherches logiques auquel nous assistons.

Chaque peuple porte dans ces études les dispositions de son tempérament national. En logique comme en politique, le génie anglais se montre dominé par le goût des résultats positifs, et se contente volontiers de la cer-