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L’ARCHEOLOGIE ET LA STATISTIQUE

(2e et dernier article[1].)

V

Le champ de la statistique sociologique étant nettement circonscrit, les courbes graphiques relatives à la propagation, c’est-à-dire aussi bien à la consolidation de chaque besoin spécial, de chaque opinion spéciale, pendant un certain nombre d’années et dans un certain nombre de pays, étant clairement tracées, il reste à interpréter ces courbes hiéroglyphiques, parfois pittoresques et bizarres comme le profil des monts, plus souvent sinueuses et gracieuses comme les formes de la vie. Ou je m’abuse fort, ou notre point de vue ici nous est d’un très grand secours. — Les lignes dont il s’agit sont toujours ou montantes, ou horizontales, ou descendantes, ou bien, si elles sont irrégulières, on peut toujours les décomposer de la même manière en trois sortes d’éléments linéaires, escarpements, plateaux, déclivités. D’après Quételet et son école, les plateaux seraient le séjour éminent du statisticien, leur découverte serait son triomphe le plus beau ou devrait être son aspiration constante. Rien de plus propre, suivant lui, à fonder la physique sociale, que la reproduction uniforme des mêmes nombres, non seulement de naissances et de mariages, mais même de crimes et de procès, pendant une période de temps considérable. De là l’illusion (dissipée, il est vrai, depuis, notamment par la dernière statistique officielle sur la criminalité progressive du dernier demi-siècle) de penser que ces derniers nombres se reproduisaient effectivement avec uniformité. — Mais, si le lecteur a pris la peine de nous suivre, il reconnaîtra que, sans diminuer en rien l’importance des lignes horizontales, on doit attribuer aux lignes montantes, signes de la propagation régulière d’un genre d’imitation, une valeur théorique bien supérieure. Voici pourquoi :

  1. Voir le numéro précédent de la Revue.