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quatre degrés : les Plastides, que M. Cattaneo désigne du même nom ; les Mérides, qui correspondent aux Gastréides ; les Zoïdes, qui équivalent aux Hypergastréides, et enfin les Dèmes, qui sont les mêmes que les cormus. Mais l’esprit des deux classifications est, on va le voir, assez différent ; le nombre et l’ordre des classes importent ; mais l’interprétation de leurs rapports importe encore davantage.

Le jeune naturaliste italien critique d’abord, parmi les idées de M. Perrier, celle qui attribue aux diverses formes individuelles un degré de complexité organique déterminé, au delà duquel elles ne pourraient s’élever. Ïl montre que chacune des formes individuelles, plastides, mérides et zoïdes, commence par un état de différenciation inférieur, qui permet l’association, mais qu’ensuite la différenciation interne qui s’effectue chez les animaux restés simples peut être portée très loin sans nouvelle complication morphologique, en d’autres termes sans que l’animal se groupe avec d’autres pour former un individu d’ordre supérieur. « Les Rhizopodes supérieurs (Radiolaires et Héliozoaires) et les Infusoires (Giliés, Gilio-flagellés, Flagellates), qui sont… des plastides ou des individus du premier degré à forme indépendante (autobiotique), ont des fonctions et des mouvements plus compliqués qu’un Dicyema ou un Olynthus, qui sont cependant des individus pluricellulaires ; et un Vertébré ou un Arthropode, qui est un Hypergastréide ou un Zoïde indépendant (autobiotique), est physiologiquement plus élevé que les Corolliaires qui, étant des colonies de colonie, ont reçu le nom de cormus ou de dèmes ; plus élevé qu’un échinoderme, qui est une agrégation de vers considérés généralement comme segmentés et par suite homologues, un à un, à un arthropode ou à un vertébré. »

Mais, si la complication organique d’un type donné est presque illimitée sous la forme indépendante, il s’ensuit que le volume du type peut, dans les circonstances favorables, grossir presque indéfiniment. M. Perrier a dit (et nous l’avions approuvé) que chaque type, ne pouvant, en raison du degré d’organisation qu’il comporte, suffire à la subsistance d’un nombre indéfini d’éléments, sa taille est ainsi limitée comme la complexité organique. Mais, si la complexité organique n’a pas de limites, le volume n’en aura pas non plus. Et en effet les cellules simples ou plastides ont pu dépasser de beaucoup les proportions qu’on leur assigne d’ordinaire. Des amibes égalent en volume des rotifères. Des plantes marines sont tout entières composées d’une seule cellule. Les vertébrés zoïdes sont en général plus grands que les coralliaires et les échinodermes, qui sont, comme on l’a vu, des démes ou des cormus. Le volume n’est en aucune manière un indice de supériorité dans l’ordre des formes individuelles. Une ville, individualité d’ordre inférieur à l’État, peut être plus populeuse qu’un État composé de nombreuses bourgades. « La complication physiologique dérive non du nombre des parties mais de leur différenciation (p. 271 et 412). » Du reste, M. Cattaneo ne nie pas qu’à complexité physiologique équivalente le type composé ne soit supérieur au type simple ; un homme peut être supérieur en con-