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ANALYSES.f. galton. Inquiries, etc.

leur être spéciaux à eux-mêmes. » Il y a là sans doute une légère exagération ; mais, pour notre part, nous ne pouvons que souscrire à une thèse qui au fond se réduit à ceci : l’étude psychologique s’appuie sur les détails, au contraire de la spéculation métaphysique qui les néglige.

Les trente-cinq articles où mémoires qui composent ce volume sont de voleur et de longueur très inégales (quelques-unes n’ont pas plus de trois pages), et il serait impossible même d’en faire un simple mention, Indiquons seulement les principaux.

Le travail sur « Les portraits composites » et les « Images génériques » est connu du public français par la traduction publiée, dans la Revue scientifique du 13 juillet 1878, d’un des mémoires de Galton. On sait que le procédé consiste à recueillir les portraits photographiés de différentes personnes prises sous le même aspect (par exemple de face et éclairées toutes du côté droit) à réduire ces portraits à la même taille, à les disposer comme les feuillets d’un livre et à les photographier successivement. L’effet du portrait composite est de mettre en évidence tous les traits dans lesquels il y a concordance, pour ne laisser qu’une faible trace des particularités individuelles. Dans son volume, M. Galton donne 12 photographies obtenues par cette méthode. Notons parmi les plus curieuses celle de 6 membres d’une même famille (hommes et femmes), celle qui, pour l’auteur, représente la santé, d’après 23 cas ; deux types de criminels, d’après 8 et 4 cas ; deux types de tuberculose, d’après 6 et 9 cas, etc.

Les « Expériences psychométriques » publiées, d’abord dans Brain, ont été analysées ici (numéro de décembre 1879, p. 677 et suivantes). On se rappelle que leur principal résultat est que les associations qui se rapportent à l’époque de la jeunesse ont une tendance à se reproduire automatiquement d’une manière beaucoup plus fréquente que les autres.

Enfin la Statistics of mental Imagery publiée dans le Mind a été aussi analysée ici (août 1880, p. 236). On peut rapprocher de ce travail deux ordres de recherches non connues de nos lecteurs. La première a pour objet l’appréciation de poids successifs : elle mesure la délicatesse de la sensibilité chez les diverses personnes pour apprécier des poids identiques comme forme, couleur, mais différents par le poids spécifique, La seconde, intitulée « Formes numériques » (Number-formes) décrit une particularité qui se rencontre chez un certain nombre d’individus. Les gens imaginatifs pensent presque toujours les nombres sous la forme de quelque image visuelle. Ainsi l’idée ou le mot six ne sonne pas mentalement à leur oreille ; mais la figure 6 est évoquée dans leur imagination sous une forme écrite ou imprimée. Mais il y a un fait psychologique plus étrange qui a été révélé à l’auteur par hasard, lorsqu’il se livrait à son enquête sur les images mentales. « Elle consiste en l’apparition soudaine et automatique, dans le champ mental de la vision, d’une forme vive et invariable, dans laquelle tout nombre, lorsqu’il est pensé, a sa place déterminée. Cette forme peut consister