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a fait toucher du doigt aux ignorants et aux sceptiques deux choses : premièrement, que la pédagogie a ses bases naturelles dans l’anthropologie et dans la morale ; secondement, qu’elle n’est pas un art composé de préceptes empiriques, sans cohésion, mais bien une science inductive dans sa partie la plus générale, et une science déductive, ou, si l’on veut, un art logiquement déduit, dans sa partie concrète où d’application. Dans ce système où presque tout, observations, inductions, déductions, peut être avoué par la philosophie expérimentale, où rien n’est concédé à la métaphysique, et très peu de chose à l’hypothèse, « tout se systématise, se simplifie, s’éclaire, et la pédagogie prend les formes sympathiques d’une imposante construction, liée dans toutes ses parties avec la plus rigoureuse unité. Cette conception de la pédagogie est peut-être la plus vaste et la plus simple qui soit ; tout œil peut y embrasser des perspectives étendues, sans efforts extraordinaires. » Quelles que soient les lacunes et les imperfections de ce cours de pédagogie, si nourri de faits et d’idées, construit avec une logique impeccable, écrit d’un style très simple, très précis et très clair, M. Berra, dont la modestie nous est connue, peut se féliciter de nous avoir envoyé un livre qui n’a pas encore son équivalent en Europe.

Bernard Perez.

F. Galton. Inquiries into human Faculty and its developpement. In-8o. London, Macmillan. xii-387 pages.

Sous ce titre, M. Galton a réuni un grand nombre de mémoires et d’articles publiés par lui depuis dix ans dans des recueils très divers. Son livre, nous dit-il, « n’a d’autre but que d’être suggestif et ne prétend en aucune façon être encyclopédique. » Son intention générale a été de prendre note des diverses facultés héréditaires chez l’homme et des grandes différences qui se rencontrent dans les diverses familles et les diverses races. « Voulez-vous connaître les Grecs et les Romains, disait Hume, étudiez les Anglais et les Français d’aujourd’hui. Les hommes décrits par Tacite er Polybe ressemblent aux habitants du monde qui nous entourent. » M. Galton professe une opinion toute contraire et ce qui le frappe avant tout, ce sont les différences : « Les instincts et les facultés des divers hommes et des diverses races sont, sous un grand nombre de rapports, aussi différents que ceux des animaux renfermés dans les diverses cages de nos jardins zoologiques ; mais, malgré les différences et les antagonismes, chacun peut être bon à sa manière » (p. 2). Et ailleurs, après avoir fait ressortir les particularités mentales, variables d’un individu à l’autre, il ajoute avec beaucoup de raison : « On finira par voir combien les métaphysiciens et les psychologues ont erré en supposant que leur propres opérations mentales, instincts et axiomes, sont identiques avec ceux du reste de l’humanité au lieu de