Page:Ribot - Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome 16.djvu/561

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
557
MARION. — james mill

point les renseignements sur cette période de sa vie font défaut. Il n’en parlait jamais, même aux siens. Son fils, voulant après sa mort, en 1835, écrire sa biographie dans l’Encyclopædia Britannica, s’adresse en ces termes au fermier David Barclay : « Ce que je voudrais savoir surtout, c’est le temps et le lieu de sa naissance, qui étaient et ce qu’étaient ses parents, où il alla pour son éducation, à quelles professions on le destinait. Je crois qu’il fit ses études de médecine ; je crois aussi qu’il étudia en vue de l’église : on m’a même dit qu’il avait son diplôme de prédicateur ; mais je ne le lui ai jamais entendu dire à lui-même, et il n’a jamais été question de cela jusqu’à sa mort. J’ignore ce qu’il en est ; peut-être le savez-vous ?… »

De l’enquête commencée par John Mill et poursuivie par M. Bain, il semble résulter que l’écolier de Montrose risquait d’être arrêté, soit faute de direction soit par la pauvreté, quand il entra en relations avec une riche famille da voisinage, qui eut sur lui une influence décisive. Au château de Fettercairn, à cinq milles de North-water Bridge, habitaient sir John Stuart, descendant de la grande famille de ce nom, et sa femme, lady Jane, renommée dans le pays pour ses vertus et sa bienfaisance. Cette dame, dit-on, ayant établi, avec quelques autres femmes pieuses, une fondation destinée à préparer des jeunes gens pour l’Église, s’adressa aux ministres des paroisses voisines : celui de Logie Pert lui recommanda le jeune Mill, « en raison à la fois de ses aptitudes propres et de l’honorabilité notoire de ses parents. » Les Stuarts résidaient à Fettercairn l’été et passaient l’hiver à Edinburgh. Ils s’attachèrent James Mill à double titre, lui confiant l’éducation de leur fille unique, principalement dans le temps des vacances, que l’on passait à la campagne, puis lui faisant suivre, à la ville, les cours de l’université. Les dates sont incertaines et le détail de cet arrangement mal connu : ce qui est sûr, c’est que sir John et lady Jane eurent pour lui toute leur vie le plus grand attachement. Sir John sera le parrain de son fils aîné : de là le nom de John Stuart Mill.

C’est en 1790 qu’on trouve pour la première fois le nom de James Mill sur les registres universitaires d’Edinburgh il avait dix-sept ans et demi et entra d’emblée dans les classes supérieures (senior classes) de latin et de grec. Au témoignage d’un contemporain, lord Cockburn, le professeur de latin était fort mauvais, mais le professeur de grec fort bon. Mill se prit de passion pour cette langue, et fat en somme, à vingt ans, un excellent scholar. La logique était enseignée par Finlayson, une homme d’Église, froid, sombre, sévère, antipathique, la terreur des étudiants. De logique, d’ailleurs, il n’y en avait point dans son cours ; mais l’enseignement qu’il donnait