Page:Ribot - Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome 16.djvu/593

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


LES LOCALISATIONS CÉRÉBRALES

ET LA THÉORIE DE L’ÉVOLUTION[1]


Si l’on nous demandait, parmi les doctrines enseignées pendant ce siècle, quelle est celle qui s’est montrée le plus universellement applicable à l’étude de l’organisation merveilleuse et des manifestations fonctionnelles des corps vivants, à coup sûr notre réponse serait la doctrine de l’évolution. Si l’on nous demandait encore quel est le principe d’apparence universelle qui a fait le plus pour stimuler les recherches dans les divers départements de la biologie ou qui nous a donné les idées les plus larges et les plus élevées dans les sciences voisines de la psychologie et de la sociologie, la réponse serait semblable la doctrine de l’évolution. Si enfin, restreignant les limites de notre recherche au département qui nous intéresse le plus immédiatement comme aliénistes, — celui de la médecine psychologique, — nous recherchons ce que la doctrine de l’évolution a fait pour nous, nous pouvons montrer victorieusement la localisation de la fonction cérébrale comme un résultat du grand principe de l’évolution poussé à ses conséquences logiques. Nous pouvons, je crois, indiquer avec confiance la localisation de la fonction cérébrale comme l’ébauche et la promesse d’une base scientifique pour nos études sur la folie. La différenciation de la fonction cérébrale doit être nécessairement formulée par ceux qui croient à l’évolution, et par suite tous les chercheurs qui ont cette foi doivent s’efforcer, par l’expérimentation physiologique et la recherche pathologique, de donner un corps aux vérités déjà acquises dans ce département et de les développer.

Celui qui étudie la psychologie a à étudier l’homme du point de vue le plus élevé, non simplement comme un mécanisme merveilleux, comme un automate à rouages engrenés, sujet à des dérangements divers, mais comme un être sentant, pensant, intel-

  1. Lecture faite à l’association médicale de la Grande-Bretagne (section de psychologie). British medical journal : 29 septembre 1883.