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ANALYSES.theodor lipps. Grundtatsachen des Seelenlebens.

philosophes pénétrer dans leurs laboratoires et en sortir les mains vides, sans doute, mais l’imagination richement meublée. Que les philosophes persistent avec de bons exemples, donnés par quelques savants d’exception, au nombre desquels M. Jouffret s’est fait une honorable place, cette attitude de défiance aurait bientôt disparu.

Lionel Dauriac.

Dr Theodor Lipps. — Grundtatsachen des seelenlebens (Faits fondamentaux de la vie psychique). — Bonn, Cohen, 1883. VIII-709 p.. in-8o.

Voici un bien gros volume. Privat-docent à l’université de Bonn comme il l’est encore, l’auteur nous le présente pourtant, non pour la conclusion de ses travaux psychologiques, mais pour un ouvrage qui marque une heure de halte au milieu de ces travaux. La matière en est distribuée en trente chapitres, groupés en six parties qui marchent à peu près deux à deux. Les deux premières parties forment une manière d’introduction ; on y trouve des remarques préliminaires et l’étude des faits les plus généraux. Dans la troisième et la quatrième partie, il est traité du cours de nos représentations sous l’influence des rapports originaires de ressemblance, d’un côté, et des rapports d’expérience de l’autre ; la cinquième et la sixième contiennent le développement des vues précédemment acquises et nous conduisent un peu plus avant dans l’intelligence, ici de notre concept de l’espace, et là du fait de l’effort, du Streben. L’auteur procède à la fois de Lotze et de Wundt, et il est animé de leur esprit, même quand il critique leur œuvre. Il entend, personne n’y manque aujourd’hui, prendre son siège dans l’expérience ; ce n’est pas une psychologie métaphysique qu’il veut nous donner, et l’essence psychique est purement une expression générale sous sa plume ; il ne se confine pas davantage dans la physiologie, et il a la prétention de se mouvoir dans le domaine franchement psychique.

I. Remarques critiques préliminaires. — Je ne m’attarderai pas à chicaner M. Lipps au sujet de sa distribution des sciences en deux groupes, qui seraient caractérisés, au point de vue de la méthode, celui des sciences de la nature par l’expérience externe, celui des sciences philosophiques par l’expérience interne. La psychologie serait la discipline fondamentale de ce deuxième groupe, et l’introspection serait le procédé légitime pour atteindre les représentations, sensations, actes volontaires qui composent le thème des diverses disciplines philosophiques, en y comprenant aussi la métaphysique.

Physiologie et psychologie demeurent distinctes, si l’on regarde le contenu et la forme des faits. Les rapports de l’une avec l’autre science s’établissent sur des événements (Vorgänge) inconscients, qui sont