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CHAUVET. — un précurseur de ch. bell et de f. magendie

modifié, la paralysie n’épargnerait plus la face, n’épargnerait rien : elle serait universelle. Ce serait l’apoplexie, où toutes les fonctions psychiques sont abolies, parce que le cerveau, leur centre et leur principe, est atteint dans sa constitution même. »

Galien ajoute, mais en passant, qu’aux différentes régions de la moelle anormalement modifiée, correspondent les différentes paralysies locales ; qu’il importe donc de déterminer par la dissection l’origine des nerfs qui se rendent aux diverses parties, afin de leur rendre plus sûrement la sensibilité et le mouvement par un traitement approprié ; que Hérophile et Eudème, les premiers médecins après Hippocrate qui aient écrit avec soin sur la dissection des nerfs, ont négligé ce travail ; qu’il a été au contraire l’objet des recherches des médecins désireux de connaître comment certaines paralysies détruisent la sensibilité seule, d’autres le mouvement seul, et d’autres les deux à la fois. Il ne donne pas l’explication des deux premiers cas, mais il écrit cette phrase significative : « Les médecins ne savent pas qu’il y a des racines spéciales qui se distribuent au derme du bras entier et auxquelles il doit la sensibilité, et d’autres qui donnent naissance aux rameaux qui meuvent les muscles. »

Liv. IV, ch.  iii. — « Si on regarde à la vue, on remarque les faits suivants : quelquefois la sensibilité, quelquefois la motilité, quelquefois l’une et l’autre conjointement sont abolies, soit dans un œil seulement, soit dans les deux ensemble. Or, voici comment s’expliquent ces anomalies :

« Est-ce la sensation visuelle qui disparaît ? la cause en est évidemment dans le nerf mou qui descend du cerveau, le nerf optique ou conduit, et qui est empêché d’accomplir ses fonctions, soit parce qu’il est atteint d’une inflammation ou d’un squirrhe, soit parce qu’il est altéré par un écoulement d’humeur, soit parce que le canal intérieur dont il est percé se trouve obstrué par quelque corps étranger, soit parce que le souffle lumineux ne lui arrive plus, ou en trop petite quantité.

« Est-ce le mouvement de l’œil qui disparaît ? la cause en est évidemment, non plus dans le nerf mou de la première paire, comme tout à l’heure, mais dans le nerf dur de la deuxième (troisième des modernes), lequel est affecté à son tour. Et comme six muscles sont employés au mouvement du globe de l’œil, sans compter ceux qui entourent la racine du nerf optique, et que le nerf moteur de la deuxième paire envoie des filets à ces différents muscles, il en résulte autant d’altérations possibles qu’il y a de mouvements naturellement produits par ces muscles et ces filets nerveux. Est-ce le muscle releveur qui est affecté dans son nerf ? l’œil paraît abaissé ; est-ce le muscle abaisseur ? il paraît relevé. Si l’affection atteint le muscle qui tire l’œil vers le petit angle, l’œil paraît tiré vers le grand, et réciproquement. Si la paralysie frappe l’un des muscles rotateurs, l’œil éprouve une déviation oblique (strabisme). Cette dernière déviation peut avoir pour effet de faire voir les