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CH. FÉRÉ. — sensation et mouvement

g. La main droite du sujet est étendue sur son genou, l’expérimentateur place sa propre main droite à proximité, fixe sur elle l’attention du sujet et répète vingt fois le mouvement de flexion des doigts ; à ce moment la force dynamométrique de la main droite du sujet est de 46 au lieu de 23, elle a doublé ; celle de la main gauche est un peu diminuée (12 au lieu de 16).

Cette diminution de la force du côté gauche nous montre que lorsque l’influx psychique est dirigé avec intensité sur un membre, il se fait une sorte de compensation aux dépens des autres. Le même effet est constaté quelquefois lorsque, dans le somnambulisme, on suggère à un sujet qu’il est doué d’une grande force dans un membre ; celle du congénère diminue : inversement lorsqu’on provoque une paralysie psychique d’un membre, l’énergie de l’autre s’exagère, il y a moins perte que modification de distribution. Si ce caractère était général dans les hémiplégies par suggestion, il fournirait une donnée importante pour le diagnostic, car on sait que dans les hémiplégies par lésion cérébrale matérielle, il y a au contraire diminution de la force du côté opposé.

V

Les états psychiques et les impressions du sens musculaire ne sont pas les seules influences capables de modifier l’état dynamique. J’avais cru pouvoir déduire de certaines observations que l’excitation génésique est capable de déterminer une augmentation momentanée de la force dynamométrique. En cherchant la confirmation de cette proposition j’ai été amené à la découverte de quelques faits intéressants.

M. Chambard a signalé chez certains somnambules l’existence de zones érogènes, dont l’irritation provoque des sensations de congestion des organes génitaux et des idées érotiques. Ces zones, qui se rencontrent principalement sur le cou et sur les parties voisines du thorax et de la tête, ne perdent pas leurs propriétés à l’état de veille ; elles existent d’ailleurs chez un grand nombre de sujets qui n’ont jamais eu d’attaques de somnambulisme spontané ou provoqué, peut-être existent-elles chez tout le monde à un certain degré. Dans l’idée de rechercher si ces zones excito-génitales étaient en même temps excito-motrices, j’ai exercé sur elles une compression légère, de simples excitations de la peau, et j’ai constaté que la pression dynamométrique s’élevait à 38 ou 40, à gauche à 32 ou 36, suivant qu’il s’agissait d’une zone cervicale ou d’une zone sternale qui offrent une activité différente.

Sur ce même sujet j’ai exploré les zones hystérogènes au même point de vue, et j’ai pu m’assurer qu’elles sont dynamogènes dans la même mesure que les zones érogènes lorsqu’on excite légèrement une zone hystérogène, il se produit d’abord une dynamogénie ; si on presse plus fort l’attaque hystérique survient. J’ai constaté en outre