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l’existence de zones dynamogénes pures sur lesquelles la pression la plus énergique ne produit rien de plus qu’une exagération de la pression dynamométrique. Deux zones de ce genre situées latéralement en arrière du bregma de chaque côté de la ligne médiane exercent une action croisée sur les mains dont elles élèvent la pression jusqu’à 42 pour la main droite, jusqu’à 35 pour la main gauche.

Ces faits, sur lesquels je ne veux pas insister plus longuement pour le moment, me paraissent établir un lien entre les actions dynamogènes et les actions convulsivantes (zones hystérogènes, zones épileptogènes). Les secondes ne sont que l’exagération des premières, et nous permettent de comprendre comment des excitations dynamogènes, comme l’exercice intellectuel, si elles sont exagérées, sont susceptibles de déterminer des états névropathiques plus caractérisés, et capables de se transmettre par hérédité, exactement comme chez les cochons d’Inde qui, rendus épileptiques par des excitations périphériques, dans les

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Fig. 6. — Modification de la contraction sous l’influence de l’excitation d’une zone érogène cervicale, a, contraction normale ; b, contraction après l’excitation.

expériences de M. Brown-Séquard, transmettent leur névrose à leurs descendants. Je reviendrai ailleurs sur le rôle pathogénique du surmenage intellectuel.

VI

Au cours de ces recherches, j’ai eu occasion de remarquer que les hallucinations provoquées des hypnotiques ont également la propriété d’exagérer la force dynamométrique. Et il faut ajouter que cette action dynamogène se manifeste quel que soit le sens sur lequel porte l’hallucination ; et en outre que, lorsque l’hallucination est rigoureusement unilatérale, la dynamogénie n’existe que du côté correspondant. On peut trouver là, soit dit en passant, un nouveau caractère de la sincérité des hallucinations provoquées. L’existence de cette propriété dynamogène des hallucinations nous a conduit à rechercher si nous ne trouverions point quelque manifestation analogue par l’excitation pure et simple des organes des sens spéciaux. Nous avons trouvé, en effet, qu’une excitation forte portant soit sur la vue, soit sur l’ouïe, soit sur l’odorat, soit sur le goût, détermine chez des sujets normaux une déviation notable de l’aiguille du dynamomètre. La réaction varie avec l’intensité de l’excitation. Ces