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La forme du mouvement vibratoire propre de l’organisme humain est nécessairement modifiée chaque fois qu’il est mis en contact d’un autre corps animé de vibrations ; ces changements de forme de vibrations propres rendent compte des changements d’état dynamique qui se produisent sous l’influence de la lumière, du son, etc. Les vibrations du diapason, comme l’a montré M. Vigouroux, déterminent chez certains sujets des modifications fonctionnelles considérables ; l’aimant en produit autant par le même mécanisme ; les métaux, qu’ils soient appliqués extérieurement ou ingérés, agissent de même suivant leur constitution atomique.

Ce n’est que par ces modifications de la forme vibratoire des éléments qui constituent le corps humain et en particulier le système nerveux que l’on peut s’expliquer les phénomènes de dynamogénie et d’inhibition,

Fig. 17. — Polarisation du vert.

de transfert, de polarisation psychique, etc., qui se produisent en dehors de toute modification matérielle appréciable.

L’état dynamique peut, soit dit en passant, constituer une nouvelle preuve de la réalité du phénomène de la polarisation psychique : lorsque sous l’influence d’un esthésiogène, une sensation visuelle se trouve transformée, l’état dynamique change en même temps, et la contraction musculaire change de forme et d’intensité. La figure 16 nous montre l’abaissement de la courbe coïncidant avec la transformation de la sensation de l’orangé en bleu ; la figure 17 traduit au contraire les contractions coïncidant avec une transformation analogue de la sensation de vert en sensation de rouge. Sous l’influence de la fatigue, qui modifie la courbe, on peut observer une exagération de la descente dans le cas de polarisation de l’orangé qui pourra donner la courbe du violet par exemple ; mais la différence ne va pas plus loin.

L’influence de la forme vibratoire des forces qui arrivent au contact du tégument externe sur l’état dynamique paraît démontrée expérimentalement par un certain nombre des faits que nous avons rapportés précédemment, et il nous a paru légitime d’en tirer cette conclusion que les fonctions psycho-physiologiques se réduisent à un travail mécanique. Ce travail mécanique est facile à saisir dans les réflexes simples des organismes inférieurs ; son étude est plus difficile lorsqu’il s’agit des réflexes compliqués qui constituent les opérations psychiques, mais au fond le processus est toujours le même. Si j’ai insisté tant sur ces considérations, c’est pour établir une fois de plus que la psychologie, la physiologie cérébrale, doit être étudiée par les procédés appliqués à la biologie en général.