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SUR QUELQUES ILLUSIONS VISUELLES


I. Chez tout esprit fait, les sensations sont des signes ; chaque sensation évoque habituellement certaines idées, qui forment avec elle un tout, un ensemble. L’esprit sait presque toujours qu’il y a là deux éléments distincts ; mais s’il les distingue, souvent il les distingue mal : il attribue à la sensation certains éléments de l’idée ; on croit voir ou entendre plus qu’on ne voit ou qu’on n’entend en réalité ; l’imagination ajoute à la sensation, et, par suite, la modifie. En d’autres termes, l’idée de la chose signifiée modifie l’idée que nous nous faisons du signe qui la révèle ; ou encore, l’idée de l’objet réel modifie l’idée de son apparence sensible.

Cette loi psychologique est aujourd’hui bien connue ; les exemples en sont nombreux[1]. Celui que nous allons citer, et que nous croyons inédit, a l’avantage de pouvoir être constaté très aisément par tout le monde.

[Image à insérer]

Fig. 1.

Une glace d’appartement ABCD (fig. 1) reflète presque toujours dans sa partie inférieure une portion EFGH de la muraille qui lui fait face et dans sa partie supérieure une portion ABEF du plafond. La

  1. Voir principalement J. Sully, Les illusions des sens et de l’esprit (Bibliothèque scientifique internationale), 1883, chap.  v et vi ; — et l’Optique physiologique de Helmholtz, trad. fr., 1867.