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pour notre part, vers cette interprétation, car le paraphe de droite à gauche correspond bien au mouvement centripète de l’homme qui se défend et pare un coup, tandis que le paraphe de gauche à droite représente plutôt le mouvement centrifuge de celui qui attaque et va frapper. En ce sens, le double trait caractériserait au plus haut degré l’homme de lutte, aussi propre à l’attaque qu’à la défense.

Nous nous en tiendrons à ces quelques exemples, et renvoyons aux livres spéciaux pour plus ample connaissance avec la graphologie, non sans mettre en garde sur ce point, qu’il s’agit d’une étude, nous n’osons dire une science, à peine ébauchée, et dont toutes les acquisitions sont encore loin d’avoir la même valeur. Les signes que nous avons décrits nous ont paru être parmi ceux les moins discutables.

IV

La graphologie n’a-t-elle d’autre application que la connaissance des aptitudes et des formes du caractère : ce résultat déjà ne serait certes pas négligeable en bien des circonstances, sans parler de l’intérêt d’une autre portée que comporte l’étude de toute une série de manifestations de la personnalité inconsciente. Mais, de plus, il semble que cette étude pourrait être un instrument d’analyse psychologique d’un précieux secours par son extrême délicatesse.

Si on veut bien se rappeler ce qui a été dit plus haut des multiples façons de barrer les T, on reconnaîtra que le graphologue, semblable au psychologue le plus attentif, a été amené à distinguer comme autant de formes différentes de la volonté, l’obstination, la ténacité, l’énergie, l’impétuosité, l’opiniâtreté, la persévérance ; toutes variantes qui ne sont pas plus synonymes dans leur définition que dans leur appellation. De même, et en conséquence d’une judicieuse observation, le graphologue se gardera bien de considérer l’entêtement comme une forme de la volonté, ainsi qu’on serait peut-être tenté de le faire : son signe, qui consiste dans une déformation de toutes les lettres dont les courbes inférieures sont remplacées par des angles plus ou moins aigus, témoigne, par son siège et son ubiquité, qu’il s’agit d’une forme vicieuse de l’intelligence.

Des remarques semblables pourraient être faites à propos d’un grand nombre de signes graphiques. Mais c’est surtout pour la dissociation de certains états complexes de la personnalité, et leur résolution en leurs éléments constitutifs, c’est pour l’analyse de certains penchants, de certaines formes du caractère, que la grapho-