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mais si elles sont, par leur pression sur les atomes pondérables, la cause de la gravitation universelle, le milieu qu’elles constituent nous apparaît plutôt comme constituant un réservoir d’énergie pour les mouvements résultant de la gravitation que comme ayant tendance à absorber indéfiniment de la force vive. Nous ignorons donc si, pour les radiations thermiques, l’éther n’est pas simplement un véhicule transportant l’énergie entre les groupes pondérables isolés, et si cette hypothèse est vraie, tout le système de M. Faye s’écroule et l’on ne peut plus parler d’une effroyable déperdition de chaleur et de lumière à la surface du soleil.

L’hypothèse que j’émets ici, est, bien entendu, purement conjecturale, mais il me sera peut-être permis de la développer davantage. Si nous concevons les molécules de la matière pondérable comme s’attirant entre elles par l’intermédiaire du milieu où elles sont plongées, il faut nécessairement admettre qu’elles exercent une répulsion sur les molécules de ce milieu. Si nous supposons donc un astre comme le Soleil, seul dans le milieu éthéré, sa présence y entraînera une tension se traduisant par une décroissance continue de densité à partir du soleil. L’équilibre de cette tension se maintiendra, d’ailleurs, au moyen de vibrations dans le milieu éthéré, vibrations qui se mettront naturellement en harmonie avec celles des molécules du Soleil. On conçoit dès lors que la stabilité de l’équilibre s’établisse et se maintienne dans des conditions dépendant du volume et de la masse du Soleil, je veux dire que la température de l’astre sera et restera d’autant plus élevée que cet astre sera plus considérable.

Si maintenant, dans ce système en équilibre, on introduit un autre globe tel que la Terre, si les vibrations qui arrivent à sa surface ne concordent pas avec celles qui conviendraient à l’existence unique de ce globe dans l’univers, il y aura absorption de force vive, que la Terre, par exemple, empruntera à l’éther, mais comme l’équilibre doit être maintenu pour celui-ci, cette force vive sera reprise au Soleil, et il y aura là une perte réelle d’énergie pour l’astre central, tandis que les ondulations de l’éther dans tout le reste de l’espace infini ne représentent rien de semblable. Le système des deux corps tendra donc vers un nouvel état d’équilibre.

Nous savons bien que les choses ne se passent point ainsi, puisqu’en fait la Terre perd de la chaleur par rayonnement pendant la nuit. Mais rien ne prouve que cette chaleur aille augmenter la force vive de l’éther et non pas seulement celle de la matière pondérable diffuse qui existe certainement à un état extrêmement ténu dans les espaces intra-planétaires et peut-être dans les intra-stellaires, La question de l’équilibre général est donc beaucoup plus complexe, mais sans la discuter, on voit en tout cas qu’il y a une énorme différence entre ne tenir compte pour cet équilibre que de la matière pondérable ou faire intervenir en sus la masse indéfinie du milieu éthéré.

Enfin, tant qu’on ignorera la liaison qui doit exister entre la théorie