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ANALYSES. crépieux-jamin. Graphologie.

de la gravitation et celle de la chaleur, on ignorera en même temps si un équilibre thermique stable ne peut pas s’établir dans l’univers avec des différences de température d’un globe, à l’autre de même qu’un équilibre mécanique stable peut être atteint par les mouvements de la gravitation.

Abandonnons maintenant ces réserves, et, tout en admettant cette effroyable déperdition de chaleur dont parle M. Faye, demandons-nous si te Soleil ne peut la récupérer.

Le créateur de la thermodynamique, Mayer, a émis à cet égard une hypothèse bien connue ; le Soleil, comme on sait, possède dans l’espace un mouvement de translation très rapide ; dans ce mouvement, il doit rencontrer sans cesse de nouveaux corpuscules de la matière pondérable diffuse, et leur choc peut suffire pour entretenir son incandescence.

M. Faye objecte à cette hypothèse que la masse du Soleil devrait alors s’accroître constamment, et si minime que soit l’augmentation annuelle, elle aurait atteint pour 2000 ans, de la masse du Soleil. Il en serait résulté un rapprochement des planètes et une accélération du mouvement moyen incompatible avec les observations astronomiques de l’antiquité. Dans le système de M. Faye, au contraire, la perte se compense à peu près actuellement par la contraction générale du volume, et cette contraction n’est pas encore susceptible d’être constatée par la comparaison des observations.

Mais l’objection, si sérieuse qu’elle soit, n’est peut-être pas irréfutable. Dans sa course vagabonde, le Soleil peut, comme masse, être arrivé à un état d’équilibre relatif et abandonner, filant en arrière de son équateur, autant de matière diffuse qu’il en gagne. À tout le moins, il n’y a aucune démonstration mathématique de l’impossibilité de cette compensation.

On le voit, les réserves que j’ai été amené à faire en présence des théories de M. Faye soulèvent des questions qui, sans doute, attendront encore longtemps leur solution. D’ici là, son livre n’en est que plus digne d’un succès complet, aussi bien, comme je l’ai déjà dit en d’autres termes, par la science qu’il renferme que par le talent avec lequel elle est exposée.

Paul Tannery.

J. Crépieux-Jamin. Traité pratique de Graphologie, étude du caractère de l’homme d’après son écriture. Paris, Marpon et Flammarion, in-18, XV-268 pp.  Sans date.

Bien que ce livre ne porte aucune date, ce qui pourrait faire douter de sa nouveauté, nous nous sommes assuré qu’il est nouveau, et même en partie original. L’auteur, professeur à Genève, si je suis bien informé, est un élève de l’abbé Michon, mais un élève indépendant. Il