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ANALYSES. paul richer. Sur la grande hystérie.

analogues, qui ont donné la preuve scientifique de la réalité du sommeil nerveux. Les procédés en usage pour produire le sommeil sont ensuite exposés avec soin, mais sans rien de nouveau, la lumière vive, la pression du globe oculaire, la fixation du regard, les vibrations du diapason, le bruit du tamtam, la pression du vertex, les excitations cutanées (les passes), la suggestion, etc.

La symptomotalogie de l’hypnotisme commence par l’étude des modifications de la motilité. Voici d’abord cette hyperexcitabilité neuro-musculaire de la léthargie, qu’on a considérée à juste titre comme donnant la démonstration anatomique de la réalité de l’hypnotisme. Nous trouvons ici le résumé des expériences remarquables que l’auteur a poursuivies en collaboration avec M. Charcot. Il étudie ensuite les réactions produites par l’application du courant galvanique sur la voûte du crâne pendant la léthargie ; les phénomènes musculaires de la catalepsie, la fixité de l’attitude, et la paralysie provoquée, ce dernier phénomène est fort intéressant et trop peu remarqué, la première étude en appartient, croyons-nous, à M. Richer ; enfin les phénomènes neuro-musculaires de l’état somnambulique, l’hyperexcitabilité cutano-musculaire. À ce sujet l’auteur rompt plusieurs lances : avec M. Dumontpallier, contre lequel il soutient que la contracture de la léthargie et celle du somnambulisme différent par des caractères cliniques ; avec M. Bernheim auquel il prouve que la prétendue catalepsie suggestive n’est pas du tout de la catalepsie mais une attitude suggérée pendant le somnambulisme, ce qui est bien différent. Soumettant ensuite toutes ces modifications de la motilité à l’expérimentation électrique, l’auteur montre avec un grand nombre de tracés les caractères spéciaux de forme de la secousse musculaire dans les diverses périodes de l’hypnotisme. C’est là, à notre avis, le morceau capital du livre, celui où M. Richer a laissé le mieux paraître son esprit ingénieux et méthodique. L’étude de l’hypnotisme à la Salpêtrière est une œuvre collective à laquelle beaucoup d’artisans ont travaillé, sous la direction puissante de M. le professeur Charcot ; il est difficile de faire la part de chacun, mais on peut dire que c’est surtout dans les phénomènes physiques que M. Richer a contribué à l’œuvre commune.

Nous aimons moins le chapitre consacré aux phénomènes suggestifs. Il manque d’ordre. Nous le disons franchement, car M. Richer mérite les honneurs d’une libre critique. À notre avis, les phénomènes suggestifs peuvent être disposés suivant le plan que voici : 1o phénomènes moteurs a) positifs, attitudes, mouvements, actes, etc. b) négatifs. paralysies totales, paralysies systématisées. 2o Phénomènes sensitifs et sensoriels, a) positifs, hallucinations, illusions etc. b) négatifs. Anesthésies totales, anesthésies systématisées, hallucinations négatives, etc. 3o Phénomènes psychiques complexes, altérations de la mémoire, de la personnalité, etc. Nous ne prétendons pas que ce plan soit le meilleur, mais enfin c’est un plan, et M. Richer n’en a pas. Parmi les morceaux les plus remarquables de ce chapitre, nous citerons les expériences sur la suggestion musculaire pendant la catalepsie, et l’influence de la physionomie sur le geste, une