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longue étude sur les hallucinations provoquées, où l’auteur rassemble un grand nombre de faits publiés dernièrement.

Le trait le plus saillant, de cette étude est le rôle attribué aux images consécutives. L’auteur, d’accord avec M. Parinaud dont il cite les expériences tout au long. établit que l’image consécutive physiologique est un phénomène cérébral, et non rétinien, comme on l’enseigne partout. Partant de là, il entreprend de démontrer que l’hallucination, qui est aussi une image cérébrale, peut être définie une image consécutive à longue échéance. Nous croyons la thèse trop absolue. Oui, l’hallucination est une image cérébrale extériorisée, mais dans le genre image, il y a plusieurs espèces : l’image consécutive d’abord, puis l’image du souvenir, puis l’image de l’imagination, qui est créée de toutes pièces par l’esprit. L’hallucination peut provenir de chacune de ces images. Il y a par exemple des visions qui ne sont que des souvenirs en action, d’autres qui sont créées par le délire et ne ressemblent à rien de ce que le malade a déjà vu.

Le livre se termine par deux appendices. Le premier, sous le titre de l’hystérie dans l’histoire, nous donne la description des chorées épidémiques du moyen âge, des possesions démoniaques, des convulsionnaires, des extatiques. Le second appendice a pour objet l’hystérie dans l’art ; c’est une critique scientifique des œuvres d’art qui reproduisent des possessions.

A. Binet.

Adolphe Coste.Les conditions sociales du bonheur et de la force. — F. Alcan, 1885, 3e édition. XXXVI-279 p.., in-18.

M. Coste a enrichi cette nouvelle édition de son livre, afin de l’introniser dans la petite Bibliothèque de philosophie contemporaine, d’une importante préface, où il répond à quelques critiques et ou il s’attache surtout à bien préciser l’objet de son étude. Cette précaution était nécessaire a l’endroit des lecteurs qui y auraient cherché un inventaire des plaisirs attachés à l’existence humaine, sans prendre garde que le titre de l’ouvrage leur promet seulement un aperçu des satisfactions que l’homme peut trouver dans les combinaisons sociales.

Le fait qui a frappé M. Coste est que le bonheur paraît ne pas augmenter, tandis que la science s’accroît incessamment depuis quatre siècles. La « variété des sensations », dit-il, est plus grande ; mais nous ne semblons pas avoir acquis la « puissance des sentiments », qui seule mesure l’intensité du bonheur aux différentes époques de l’humanité. La sympathie, la personnalité, l’intelligence, telles sont les trois formes de nos sentiments qu’il importerait de développer, et il s’agirait en définitive de reconnaître c comment, par l’organisation de la famille, par la pratique du travail, par la constitution politique, et par l’influence d’une doctrine généreuse, on peut raviver nos joies et communiquer au progrès une action nouvelle. »