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E. GLEY. — les sens musculaire

vement sont composées d’impressions tactiles, de sensations passives provenant de la contraction des muscles, de l’extension ou du frottement des ligaments articulaires, etc. C’est ce qu’avait admis, dès 1869, Ch. Bastian (On the Muscular sense, British med. Journal, avril 1869), estimant que ce qu’on appelle sens musculaire résulte d’ « impressions de tension et de pression transmises par des nerfs sensitifs ordinaires venant des membres en mouvement, par exemple muscles, des articulations et de la peau. » (Voy. Le cerveau organe de la pensée chez l’homme et chez les animaux, t.  II, p. 282, Biblioth. scientif. intern., 1882.) — Il convient d’ajouter que la découverte, faite par C. Sachs en 1874, de filets sensitifs dans les muscles (Physiologische und anatomische Untersuchungen über die sensiblen nerven der Muskeln, Reichert und Du Bois-Reymond’s Archiv, 1874) apporte une grande force à cette opinion. Sachs a cru pouvoir conclure de ses recherches que le sens musculaire consiste en des sensations dues à la pression mécanique que la fibre musculaire primitive, au moment où elle change de forme et de volume (c’est-à-dire lors de la contraction), exerce sur le réseau nerveux qui l’enveloppe. Ch. Bastian et la plupart des physiologistes ont reconnu l’importance de la découverte de Sachs, au point de vue dont il s’agit ici. S’il existe des nerfs sensitifs dans les muscles, il y a des sensations musculaires, analogues à toutes les autres sensations, c’est-à-dire afférentes.

À la vérité, ce ne serait pas là une raison pour qu’il n’existât point en même temps quelque sentiment de l’innervation efférente. Mais précisément il faut se garder de tirer une conclusion trop générale des recherches de Sachs : le sens musculaire n’est pas réductible à ces seules sensations musculaires proprement dites, mais à un complexus de sensations parmi lesquelles entrent celles-ci sans doute, mais où d’autres sensations, provenant des articulations, de la peau surtout, etc., sont aussi comprises.

C’est ce que montrent très bien quelques-unes des expériences sur lesquelles je désirerais maintenant attirer l’attention.

II

Ces expériences sont de deux sortes. Il ressort des unes que les sensations concomitantes aux contractions des muscles, qui accompagnent nécessairement ces contractions, et ainsi qui en dépendent,

    a tirée de ses expériences, s’attachant d’ailleurs à prouver que, dans tous les cas, la conscience de l’effort est conditionnée par le fait actuel de la contraction musculaire.