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ANALYSES.marique Centres psycho-moteurs du cerveau.

méthode. Ses recherches ont été faites sur des chiens et elles consistent en sections des fibres d’association : c’est ce que l’auteur appelle la « méthode par isolement ». Les fibres d’association ou antéro-postérieure formant quatre grands systèmes chez l’homme servent à relier entre elles les différentes régions d’un même hémisphère. Nous ne pouvons entrer dans le détail des expériences qui ne seraient guère intelligibles sans figures. L’auteur croit pouvoir en tirer cette conclusion que, entre les centres dits psycho-moteurs et les centres sensoriels situés dans la région postérieure du cerveau, il existe le même rapport qu’entre les ganglions moteurs et les ganglions sensitifs de la moelle, d’où résulte l’action réflexe.

La dernière partie de ce travail est consacrée à l’interprétation psychologique des centres psycho-moteurs. Elle présente un grand intérêt, comme on en jugera peut-être par notre bref résumé.

Pour M. Marique les centres psycho-moteurs ont un mécanisme purement réflexe. Ferrier les considère comme des lieux de dégagement de l’incitation motrice volontaire. Schiff prétend qu’ils sont purement sensitifs et que les troubles moteurs résultent de la perte de la sensibilité tactile. François-Franck les assimile aux centres moteurs médullaires ; mais en les faisant le point de départ des incitations motrices volontaires. C’est sur ce dernier mot que l’auteur diffère d’opinion avec lui. Pour M. Marique, la volonté est une inconnue qu’il faut éliminer. — Généralisant la question, il se refuse à admettre dans la conscience autre chose « qu’une inconnue qui pénètre le problème, sans en changer les conditions » (p. 100). Elle domine la question sans la modifier ; la nature réflexe de nos actes est la même pour tous (ibid.). Tout en reconnaissant dans l’apparition de la conscience « la plus grandiose des propriétés de la matière et la plus redoutable des énigmes », il constate qu’il n’y a aucune explication possible même de son mécanisme et qu’à son sujet il faut dire non seulement ignoramus, mais ignorabimus (p. 118). Aussi la logique l’amène à une discussion intéressante sur la différence admise entre les cellules sensitives et les cellules motrices. Elle ne supporte pas une critique un peu approfondie. En effet, ces deux propriétés sont l’une subjective, l’autre objective. Les centres sensibles ne peuvent exister comme tels qu’à la condition d’y introduire la conscience, « phénomène qui ne peut être représenté sous la forme d’un mouvement spécial, » en d’autres termes qui est en dehors de la mécanique cérébrale. La seule propriété essentielle de la cellule, c’est son excitabilité, c’est-à-dire sa façon propre de réagir sous l’impulsion initiale. L’auteur ne voit dans toutes les cellules nerveuses « que des commutateurs et des coordinateurs de mouvements ». Il admet leur unité fonctionnelle (p. 120).

« Il paraît naturel, dit M. Charcot[1], de se demander si les cellules pyramidales et même celles de la petite espèce qui les représentent en

  1. Charcot. Leçons sur les localisations cérébrales, p. 40.