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Cette science de la connaissance humaine veut-elle s’adonner à une recherche indépendante, grouper et réunir les maximes, les méthodes et les résultats des autres sciences, elle sera réduite à les leur emprunter et à vivre de ces emprunts sans pénétrer dans leur domaine.

Elle aura elle-même une existence empruntée, dépendante ; en tout cas, elle ne sera nullement indépendante. Et alors il n’y aura aucune raison de considérer un pareil tout comme philosophique ou scientifique.

Cette science de la science voudrait-elle y ajouter quelque chose, soumettre, par exemple, à une critique les sciences particulières, leurs principes, leurs méthodes et leurs résultats, on ne serait pas bien sûr que cela leur plairait et qu’il ne lui serait pas signifié par elles qu’elles sont beaucoup mieux en état de critiquer elles-mêmes leurs propres recherches et leurs résultats et de les améliorer. La critique des organes de la connaissance ne se laisse pas ainsi saisir a priori, d’une manière abstraite, séparément des objets de la recherche réelle ou spéciale ; elle est beaucoup mieux et plus sûrement faite par les sciences particulières dans leur domaine propre que dans une science étrangère et indépendante ; tout au plus celle-ci ne saurait être qu’une simple préparation pour les commençants ; mais une recherche plus approfondie de l’organe de la connaissance comme des sources de la certitude, de l’objectivité de la connaissance humaine, appartient au domaine de la psychologie et de la philosophie de la nature, ce qui conduit à rechercher la genèse de la nature humaine avec ses facultés, ses organes extérieurs et intérieurs ; et aussi à en rechercher le principe et l’essence de l’être. Mais alors, pour élever la science à la hauteur d’une vraie théorie de la connaissance, en faire une science vraiment philosophique, il faudra l’appuyer sur un principe métaphysique et la pénétrer de l’esprit métaphysique. Si Kant a pu soutenir de l’étude de la nature (Naturforschung) qu’elle contient autant de science qu’elle a en elle de mathématiques, on a le droit de soutenir que la science de la connaissance enferme ni plus ni moins autant de philosophie qu’elle contient de métaphysique.

C. Bénard.

Dr Marique. — Recherches expérimentales sur le mécanisme de fonctionnement des centres psycho-moteurs du cerveau, in-8o, 140 p.. Bruxelles, Mayolez.

Ce travail contient deux parties. La première est consacrée à l’histoire de la question des localisations cérébrales. C’est un résumé très clair et très complet dans sa brièveté. L’auteur expose les méthodes employées, leurs résultats et il se livre à un examen critique des principales objections qui ont été faites.— La deuxième partie est personnelle. M. Marique donne la description des expériences qui lui sont propres, en résume les résultats et discute les objections relatives à sa