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ANALYSES.caroli. Sul metodo nella scienza del pensero.

une même chose. Notre expérience interne et externe nous fournit également, par abstraction et généralisation, le principe dit de finalité, les idées de fins et de moyens. Nous remarquons et nous affirmons que telles choses sont faites par d’autres (moyens), ou pour d’autres (fins). Le principe de contradiction, autrement dit notre expérience, nous interdit de penser des fins sans moyens, ni des moyens sans fins. Seulement (et l’auteur semble l’oublier dans la seconde partie de son ouvrage), il faut rigoureusement se garder de transporter l’expérience humaine au delà d’elle-même, au delà des liaisons de phénomènes réels, et de supposer des fins, des moyens et des causes autres que ceux que notre expérience quotidienne nous fait affirmer ou expérimentalement induire dans la nature. Avec les prémisses que nous savons, l’auteur n’a pas le droit de supposer une causalité et une finalité extrahumaines, extérieures au monde, et exprimant autre chose que des liaisons d’idées vérifiables. Il l’a pourtant fait plus d’une fois dans la seconde partie de son livre.

M. Caroli, au terme de son analyse expérimentale, s’arrête un moment devant la question de la valeur objective des connaissances. Rien de métaphysique dans sa discussion ni dans ses conclusions. Il se pose ces trois interrogations : En quoi consiste proprement la valeur objective de la connaissance ? — A-t-elle vraiment cette valeur ? — Et, si elle l’a, comment le vérifier dans les différents degrés de son développement ? Il répond ainsi à la première question : « La valeur objective de la conscience est celle de l’être réel, objet nécessaire et naturel de l’affirmation propre à la force pensante. L’être réel étant donné, l’objet de la pensée est donné avec lui ; l’être étant affirmé, l’objet est affirmé, puisque l’être est pour lui-même objet. » En second lieu, la connaissance humaine a une telle valeur à partir du premier de ses actes, parce qu’il est lui-même nécessairement l’affirmation de l’être réel, qu’on ne peut nier sans l’affirmer en même temps. L’erreur des idéalistes, véritable équivoque ou ignoratio elenchi, est, l’auteur l’a déjà dit, d’avoir confondu la valeur objective de la connaissance avec la connaissance intime des choses. Enfin, pour résoudre cette question de la certitude de la connaissance, si débattue encore aujourd’hui, n’oublions pas que nous parlons toujours de la connaissance propre à l’homme, et non de quelque mode de connaissance qui pourrait exister en dehors de celle-là. C’est illogisme et caprice, que de demander à notre force pensante, sur la certitude de la connaissance, quelque chose qui ne soit pas d’accord et en proportion avec ses lois à elle, et dans les limites qu’elles établissent. Tout ce qu’on peut raisonnablement faire, c’est de distinguer, conformément à la méthode naturelle ici adoptée, la certitude correspondant aux principales opérations de la pensée. L’auteur examine, à ce propos, la certitude dans les faits de perception, d’abstraction, de généralisation et d’intégration.

La perception est vraie et certaine par elle même, quant à la simple affirmation de l’être réel des choses. Les illusions, les hallucinations