Page:Riccoboni - Œuvres complètes, Tome 1, 1818.djvu/108

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ayons vraiment droit d’exiger de nos parens. Ne nous doivent-ils donc pas des soins vigilans, une protection attentive, qui nous maintienne dans l’état où nous naissons, nous conduise à remplir les devoirs de cet état, et nous garantisse des piéges que le vice tend sans cesse sous les pas de l’innocence ?

Un tel langage vous surprend. Vous n’avez jamais imaginé que je dusse un jour m’en servir en parlant de milord Alderson. Mais, Madame, je ne suis point ce que je parois être. Présentée dans le monde sous un nom supposé, on me croit parente de miladi d’Anglesey. De tristes événemens m’ont forcée à recevoir avec reconnoissance un titre qui voiloit à tous les yeux mon état et mes malheurs. En vous les détaillant, je suis bien sûre de ramener votre cœur à cette tendre indulgence que vous avez tant de fois montrée pour mes sentimens. Vous faire connoître quelle a été à mon égard la conduite des deux lords dont les intérêts semblent vous toucher, c’est vous engager à approuver, même à partager le juste mépris que l’un et l’autre m’inspirent.

Vous n’avez point oublié, Madame, l’aimable Sara Alderson. Vous étiez en Irlande quand elle mourut. Vous pleurâtes la compagne de votre enfance, son souvenir vit encore dans le cœur d’une amie. La ressemblance de mes traits avec les siens vous donna le désir de former, d’entretenir cette liaison qui m’est devenue si chère. Eh bien, Madame, je dois le jour à l’infortunée Sara, à cette triste victime du caprice d’un père fier du rang de ses aïeux, mais peu soigneux de faire le bonheur de ses descendans. Que ma