Page:Riccoboni - Œuvres complètes, Tome 1, 1818.djvu/144

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ment propre et commode, dans le quartier le moins fréquenté de la ville, de le retenir au nom de mistriss Hervey, jeune dame mariée depuis un an, dont le mari étoit à l’armée, et que sa tendresse inquiète conduisoit à la capitale, afin d’être à portée d’en avoir tous les jours des nouvelles.

La commission exactement remplie, Lidy enleva peu à peu du château ce que ladi Sara vouloit emporter. Elle déposa tout chez une fermière dont elle étoit sûre ; elle y fit ses cofres, et les envoya à Londres à l’adresse que sa sœur lui avoit donnée. Par le moyen de cette même fermière, elle acheta une chaise, s’assura de deux chevaux et d’un postillon pour aller jusqu’à la première poste. Miladi Albury, parente de milord Alderson, étoit depuis trois mois au château ; elle partoit, alloit passer la mer, et se rendre à Montpellier, où elle espéroit trouver du remède à une maladie de langueur dont elle se sentoit consumée. Ladi Sara fixa son départ au même matin choisi par cette dame, dans le dessein de faire penser qu’elle l’accompagnoit, et d’embarrasser son père sur la route où il devroit commencer ses recherches, s’il vouloit suivre ses pas.

La veille du jour où les espérances d’Edouard et de Sara furent si cruellement trompées, milord Alderson avoit donné à sa fille une riche cassette, contenant les pierreries de sa mère, quantité de bijoux d’or, et deux mille guinées, dont elle devoit répandre une partie le lendemain à l’occasion de son mariage. Lidy se disposoit à transporter ces effets précieux, quand sa maîtresse l’arrêta. « Il ne convient pas, lui