Page:Riccoboni - Œuvres complètes, Tome 1, 1818.djvu/488

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dans le couvent où j’ai dessein de la conduire ce soir » ?

« Ah ! qu’elle en jouisse partout où ils la rendront heureuse ! s’écria M. de Clémengis ; l’ai-je obligée pour la contraindre ? non, Mademoiselle, non, je vous le répète, elle est libre, elle est indépendante et je me mépriserois si j’osois me croire des droits sur elle ».

Mademoiselle Duménil se leva avec vivacité, courut dans son cabinet, prit Ernestine par la main, et la conduisant auprès de M. de Clémengis : « Remerciez votre aimable, votre généreux protecteur, lui dit-elle, vous ne devez pas rougir de ses bienfaits, vous n’en avez rien à craindre : peut-être n’étiez-vous pas née pour en accepter, mais les dons de l’amitié n’avilissent jamais. Par une reconnoissance vive et constante, méritez l’ami que votre heureux sort vous donne ».

Ernestine avoit tout entendu ; pénétrée d’un tendre sentiment qu’elle n’osoit faire éclater, ses larmes furent assez long-temps la seule expression de son cœur. « Mademoiselle Duménil prévient de peu de jours, lui dit le Marquis, une proposition que je m’apprêtois à vous faire : les plaintes continuelles de madame Duménil, son obstination à vouloir vous répandre dans le monde, alloient me forcer à vous prier de la quitter ; votre amie m’épargne une explication dont je me sentois embarrassé ; je redoutois l’instant où je vous parlerois, et plus encore les suites d’un éclaircissement que je balançois à vous donner. Mais, pourquoi pleurez-vous ? lui demanda-t-il d’un ton