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historique et analyse du socialisme

voir s’allier avec le collectivisme. D’un autre côté, les excès de la concurrence économique mettent invinciblement obstacle à la réalisation de l’idéal évangélique. Pour concilier la liberté avec la solidarité, il faut chercher une formule supérieure. Les protestants soucieux des problèmes sociaux, parmi lesquels nous citerons MM. Gide, Louis Comte et de Boyve, croient la trouver dans la coopération. Ils l’entendent, il est vrai, non dans le sens large qu’y a attaché la sociologie, mais dans le sens plus étroit d’un groupement progressif de sociétés coopératives de consommation et de production. D’où viennent les excès de la concurrence ? De deux causes, selon M. Louis Comte : d’un côté, la production ne se règle pas sur la consommation, d’où la périodicité des crises commerciales ; de l’autre, la scission de la production et de la consommation rend possible un prélèvement excessif au profit des intermédiaires. M. Louis Comte constate mélancoliquement que les sociétés coopératives actuellement existantes en France et sur le reste du continent se préoccupent plutôt d’assurer des avantages à leurs membres que d’améliorer l’état social, et il applique à ceux-ci le mot de Proudhon : « Associés pour eux seuls, ils le sont contre tout le monde. » Mais les sociétés anglaises sont plus vigoureuses et se montrent plus aptes à agir sur la production. L’auteur voit dans l’avenir les sociétés coopératives de consommation se groupant, traitant directement avec les producteurs, accumulant des réserves, commanditant d’abord les industries les plus nécessaires, puis des industries de luxe et créant enfin une république économique. Il appelle ce système « le socialisme