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l’économie chrétienne

coopératif et y voit « l’évangile en action (1). »

Ce système a pour lui, à certains égards, l’autorité de l’expérience. Les travailleurs n’ont rien obtenu là où ils n’ont pas pratiqué la coopération, et ils ont notablement amélioré leur condition matérielle et accru leur puissance sociale là où, comme en Angleterre et en Belgique, ils se sont décidés à la mettre on œuvre. Toutefois la théorie coopérative doit-elle être qualifiée de socialisme chrétien ?

Sans aucun doute, MM. de Boyve et Comte nous montrent une société sans concurrence qui serait comme la limite des efforts de l’humanité. Cette société, ils sentent qu’une réforme morale la rendrait seule possible. La coopération économique fait partie, à leurs yeux, d’un plan de relèvement social dont la morale évangélique, conçue à la façon de Channing, fournit les grandes lignes ; ils veulent l’enfance mieux protégée, la femme plus respectée, même par la loi. Mais ils diffèrent profondément des socialistes sur le point essentiel : l’organisation coopérative, sur laquelle ils fondent toutes leurs espérances, supposent que la propriété capitaliste sera respectée par l’État et que dans les mœurs les habitudes d’épargne prévaudront toujours davantage sur la tendance à la consommation immédiate. À leurs yeux, le capital n’est donc pas responsable des maux causés par la concurrence. Si nous ajoutons à cela que leur réforme

(1) Travaux du congrès de Marseille. Quatrième assemblée générale de l’Association protestante pour l’étude pratique des questions sociales, 1891. Rapport de M. Comte sur les résultats actuels et futurs de la coopération. Paris, Fischbacher, 1892.