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* S'abaisser. Se ravaler.

[* L'humilité n'est souvent qu'un artifice de l'orgueil qui s'abaisse pour s'élever.]

Abaisse, s. f. Terme de patissier. Pâte qui fait le dessous de la piece de patisserie. [Faire une abaisse.]

Abaissement, s. m. Ce mot dans le propre n'est pas, ce semble, usité, ou du moins il ne l'est guere.

* Abaissement. Humiliation, prosternation, action d'une personne qui s'abaisse pour suplier, ou pour donner quelques marques de ses respects.

[* L'orgueil humain est bien-aise de jouïr de la grandeur par l'abaissement des autres. Port Royal.

Ce triste abaissement convient a ma fortune. Racine, Iphigenie a. 3. s. 5.]

* Abaissement. Diminution de crédit, ou d'honneur, sorte de disgrace.

[* Il déchire la réputation de ces grans hommes, comme si leur abaissement contribuoit quelque chose à sa gloire. Abl. Luc. tom. 1.

* Dans son abaissement il vit sans esperance. Mat. Poe.

Abandonner, v. a. Quiter, laisser à l'abandon, laisser entierement & aveuglément à la disposition d'une personne.

[Abandonner les armes, Abl. Luc. tom. 1.

Abandonner le païs au pillage. Abl. Tuc.

Est-ce aimer sa maîtresse que de l'abandonner à tout le monde ? Abl. Luc. tom. 1.

Nous la renonçons, & nous l'abandonnons à votre colére. Mol. geo.]

S'abandonner, v. r. Je m'abandonne, je me suis abandonné, je m'abandonnai. Se donner entierement à quelque chose, se rendre comme esclave de la chose à laquelle on s'abandonne, se donner entierement & aveuglément, se prostituër.

[S'abandonner à toutes sortes de vices. Abl. Luc. tom. 1.

S'abandonner au desespoir, à la haine, à la colére. Abl. Tac.

S'abandonner à faire l'amour. Monsieur de la Rochefoucaut.]

Abandonné, abandonnée, adj. Quité, laissé à l'abandon.

[Païs abandonné, vile abandonnée. Abl.

Personne n'est assez abandonné de Dieu pour cela. Pas. l. 6.]

Abandonné, abandonnée, adj. Qui s'est donné tellement à quelque vice, qu'il en est comme esclave, qui s'est donné entierement, prostitué.

[Il faut que vous passiez pour les plus abandonnez calomniateurs qui furent jamais. Pas. l. 16.]

Abandonnée, s. f. Fille ou femme de mauvaise vie.

[Je ne veux point brûler pour une abandonnée. Mol.]

Abandon, s. m. Le mot d'abandon pris substantivement n'est pas bien usité, il signifie abandonnement.

[Dans un tel abandon leur sombre inquietude ne voit d'autre recours que le métier de prude. Mol. Tar. a. 1. s. 1.]

A l'abandon, adv. Au pillage, dans l'abandonnement.


[Laisser tout à l'abandon. Abl. Luc.

Mettre tout à l'abandon. Abl. Ar.

Tout étoit au pillage & à l'abandon. Vau. Quin. l. 3.]

Abandonnement, s. m. Acte de la personne qui abandonne.

[Faire un abandonnement de tous ses biens. Le Mai.]

* Abandonnement. Desordre, déréglement.

[* Etre dans le dernier abandonnement.]

Abatant. Voiez abatre.

S'abatardir, v. r. Je m'abatardi, je me suis abatardi, je m'abatardis. C'est dégénerer de ce qu'on étoit, se relâcher, se corrompre.

[Venant peu à peu à s'abatardir, ils parloient un langage corrompu. Vau. Quin. l. 7.]

Abatement, s. m. Ce mot au propre ne se dit, ce semble, pas. En sa place, on se sert du mot d'abatis.

* Abatement. Acablement, langueur, foiblesse.

[* Cette nouvelle le met dans l'abatement. Voi. l. 74.

* Etre dans l'abatement & dans le trouble. Pseaume de David.]

Abatial, Abatiale, adj. Qui apartient à l'Abé. [Maison Abatiale.]

Abatis, s. m. Plusieurs choses abatues, comme arbres, bois, plusieurs choses démolies, démolition.

Abatis d'arbres, de maison, de muraille, &c.

Abatis. Terme de chasse, petits chemins que font les jeunes loups en abatant l'herbe à force d'aller aux lieux où ils sont nourris. Sal. c. x.

[Trouver l'abatis des jeunes loups. Sal.]

Abatis. Terme de chasse, bêtes tuées par les vieux loups.

[Quand le loup & la louve chassent ensemble, ils font un plus grand abatis de bestiaux. Sal. chasse du loup. c. 4.]

Abatis. Terme de boucher, cuirs, graisse, tripes, & autres petites choses des bêtes qu'on a tüées.

Abatis. Terme de gens qui travaillent aux carrieres, pierres que les carriers ont détachées, & qu'ils ont fait tomber.

* Abatre, v. a. Acabler, afoiblir, ruïner, vaincre, tüer.

[* Pourquoi mon ame vous laissez-vous abatre à douleur ? Pseaume de David.

* Les malheurs abatent le courage. Abl. Tac.

* Qu'il versera de sang, qu'il abatra de têtes. Mai. Poe]

Abatre. Terme de boucher, oter, enlever le cuir d'une bête avec le couteau.

[Abatre le cuir d'un beuf.]

S'abatre, v. r. Je m'abas, je me suis abatu, je m'abatis. Ce mot signifie s'abaisser, se laisser tomber.

[L'oiseau s'abat.

Cheval qui s'abat sous l'homme. Sca. Rom.]

  • S'abatre. Perdre courage, se laisser acabler.


* Se laisser