Aller au contenu

Page:Richepin - La Bombarde, 1899.djvu/47

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Les gens, voyant se flétrir ses appas,
Pris de pitié, disaient : « C’est de ne pas
« Savoir celui qu’elle aime. »

Et cependant son miroir lui montrait,
En lamentable et fidèle portrait,
Sa beauté défleurie.
Et cependant, de cent jours en cent jours,
Le temps galope et galope toujours
Sans qu’elle se marie.

Et cependant toujours elle se croit
De clair teint frais et de corsage droit,
Et de jeune frimousse,
Et ne voit pas dans la cour du château
Qu’aux vieux pavés il vient un vieux manteau
Brodé d’herbe et de mousse.

Des trois derniers prétendants réservés
L’un maintenant avait les yeux cavés,
L’autre la barbe grise.
Seul, le troisième était demeuré beau.
Sur ses cheveux en ailes de corbeau
L’âge n’avait pas prise.