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Page:Richepin - La Bombarde, 1899.djvu/49

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Et son beau bras, autrefois si plaisant,
D’un noir balai de sorcière à présent
Semblait être le manche.

Le fiancé sourit d’un air joyeux ;
Puis de l’orbite il ôta ses deux yeux
À l’opale irisée,
« Regardez donc, fit-il, la belle enfant,
« Comme un époux doit être triomphant
« D’avoir telle épousée ! »

Dans le miroir terni des yeux hagards,
La belle enfant, laissant choir ses regards,
Vit une vieille affreuse.
« Dieu ! quelle est donc l’aïeule que voilà ? »
S’écria-t-elle. Et l’autre ainsi parla :
« C’est vous, mon amoureuse. »

Et cependant que parlait l’amoureux,
Sous son front pur deux trous se faisaient creux.
Au lieu des yeux d’opale ;
Et les cheveux s’envolaient de ce front
Nu maintenant, tout nu, tout blanc, tout rond.
Crâne et non plus front pâle.