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Page:Richepin - Les Blasphèmes, 1890.djvu/101

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LA REQUÊTE AUX ETOILES

Sur quel mort pleurez-vous dans la pluie et le vent,
O cierges ? Montrez-moi sa figure livide.
Qui sait ? On l’a peut-être enseveli vivant !

Je le réchaufferais sur mon cœur impavide ;
Je lui prendrais la main ; je baiserais son front.
Qui sait ? Peut-être aussi que le cercueil est vide !

Anges, arrêtez-vous, et mes yeux le verront.
Mais leur fuite éperdue à ma voix s’accélère.
Ils semblent maintenant tourbillonner en rond

Comme des feuilles dans un ciel crépusculaire ;
Et leurs cierges épars, courant dans tous les sens
Sous les sombres arceaux du temple séculaire,

Parmi les brouillards bleus où s’endormait l’encens
Éveillent tout à coup dans l’ombre sépulcrale
Un essor lumineux de papillons dansants.

Qui donc adore-t-on dans cette cathédrale ?
Pour qui scintillez-vous, cierges qui par milliers,
Comme des vers luisants enchaînés en spirale,