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Page:Richepin - Les Blasphèmes, 1890.djvu/102

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LES BLASPHÈMES

Escaladez le tronc de marbre des piliers ?
Alentour de quel front volent en girandole
Les libellules d’or que vous éparpillez ?

Sur quel autel secret s’épanouit l’idole
Pour qui vous déroulez les anneaux radieux
De votre interminable et folle farandole ?

Vous êtes les autels et vous êtes les Dieux.
Pardon, ô feux vivants que vénéraient les mages !
O face de la Nuit resplendissante d’yeux,

Pardonne, si j’ai cru te rendre des hommages
En faisant jusqu’à toi de mon cœur agité
Jaillir ces vaines fleurs de verbes et d’images !

Étoiles, faites grâce à ma témérité !
Je vous implore avec ferveur, sans insolence.
Même si mon orgueil, hélas ! l’a mérité,

Ne me punissez pas en gardant le silence.
O vous que j’aime tant, ô vous que je bénis,
Ma prière vers vous comme un oiseau s’élance.