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Page:Richepin - Les Blasphèmes, 1890.djvu/125

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VI

LE JUIF-ERRANT


Le jour où Jésus-Christ gravissait le Calvaire,
J’étais à ma fenêtre, assis, vidant mon verre,
Le cœur content après un modeste repas.
Qu’était ce Jésus-Christ ? Je ne le savais pas.
Moi, petit ouvrier, pauvre que nul n’envie,
J’avais assez de mal, certes, à gagner ma vie,
Sans aller m’occuper des mots plus ou moins creux
Que les prêtres et les prophètes ont entre eux.
Or celui-là s’était fourré dans la cervelle,
Parait-il, de prêcher comme une foi nouvelle
Au nom d’un autre monde où tout est pour le mieux.
Quelque fou ! Franchement, que m’importent les cieux,
A moi qui n’ai qu’un temps à vivre, et sur la terre ?
Pourvu, lorsque j’ai soif, que je me désaltère,