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Page:Richepin - Les Blasphèmes, 1890.djvu/28

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LES BLASPHÈMES

Que leur ignorance décore
Et qui croient tout créé pour eux.
Où les âmes endolories
S’endorment dans des menteries
Pleines d’illusions fleuries
Qui font les jours délicieux.
Mais hélas ! qu’y pouvons-nous faire ?
Quoi qu’on désire ou qu’on préfère,
Nous vivons dans une atmosphère
Où tout dit le néant des cieux.

Aussi sur nos fronts une ride
Creuse-t-elle un funèbre pli,
Quand nous sentons la cendre aride
Dont notre cœur froid est rempli.
Car malgré tout, au fond de l’âme,
Je ne sais quoi toujours réclame
Un peu de lumière et de flamme,
Du jour, de l’air, quelques rayons.
Non, rien ! L’ombre épaissit ses ondes
Aussi noires, aussi profondes,
Et nous jetons en vain des sondes
Dans ce gouffre où nous nous noyons.

Jetons-les quand même, n’importe !
Cherchons, espérons du nouveau.