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Page:Richepin - Les Blasphèmes, 1890.djvu/38

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LES BLASPHÈMES

Et rumine avec des nausées
Les cires qu’elle a composées
De son dégoût.

*



Non, ne me parlez pas du printemps, de la vie
Qui sourd, jaillit, déborde, et vomit son orgueil !
Parlez-moi de l’hiver calme, qui vous convie
A rester immobile ainsi qu’en un cercueil.

O bon hiver, c’est sous tes caresses funèbres
Que s’éveillent les vœux où nous nous complaisons,
Saison de mort, saison pleurant dans les ténèbres,
Saison portant le deuil des joyeuses saisons.

Avril nimbé de fleurs, Juillet casqué de flamme,
Septembre chevelu de pampres, sont trop gais.
Il nous faut un ciel noir comme nous avons l’âme,
Et des champs aussi nus que nos cœurs fatigués.

Il nous faut l’horizon lourd de neige et qui crève
En flocons de charpie au vol silencieux,