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LES BLASPHÈMES


XIII

L’AUBERGE


Pauvre fou, que torture un désir implacable !
Amour-propre imbécile et stupide fierté !
Ainsi, c’est pour cela qu’il n’est pas déserté
Ce travail de haleur sans repos qui t’accable !

C’est l’orgueil d’expliquer demain l’inexplicable
Qui te retient ! Au lieu d’avoir tant disserté,
Que n’as-tu reconquis d’un coup ta liberté
En desserrant tes doigts qui saignent sur le câble ?

Les autres haleraient toujours. Toi, maintenant,
Dans l’auberge tranquille ouverte à tout venant
Tu dormirais. Eh bien ! Que t’importent les autres,

Et leur labeur stérile et leurs devoirs remplis,
Si, tandis qu’ils sont pleins d’angoisses, tu te vautres
Dans le lit de la Mort aux draps frais et sans plis ?