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MES PARADIS


III


Puis, que ces terres soient fugaces, je l’accorde ;
Mais qu’en aucune on n’ait trouvé miséricorde,
Et qu’entre l’arrivée exquise et le départ
Lamentable on ne doive y goûter nulle part
Dans la halte furtive une ivresse infinie,
Et que tout l’archipel soit désert, je le nie.
Si les îles sont d’or, ce n’est pas seulement
Parce que notre espoir en fait l’enchantement
Et que sur l’horizon de la mer qui sommeille
Le couchant les maquille à sa poudre vermeille.
Non ! Beaucoup restent d’or, même à les voir de près.
De fruits plein les vergers, de blés plein les guèrets.
D’oiseaux au fond des bois, de bouquets par les sentes.
Plus souvent qu’on ne croit elles sont florissantes.