Page:Richepin - Mes paradis, 1894, 2e mille.djvu/324

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
304
MES PARADIS


XLV


Ô lumière, couleurs, formes, fête des yeux !
Isis, honneur à tes amants aux doigts pieux
Qui purent soulever quelque coin de tes voiles
Et qui, dans les airains, les marbres et les toiles,
Ont su rendre visible un peu de ta beauté !
Que connaîtrions-nous de toi, leur œuvre ôté ?
C’est à travers leur œuvre, Isis, qu’on te contemple,
Et l’on y doit entrer comme on entre en un temple.
Pour moi, que nul autel ne vit prier jamais,
À des dévotions ici je me soumets ;
Sur mes lèvres s’éveille une oraison fervente ;
Mon cœur a des frissons de mystique épouvante ;
Et lorsque ta splendeur se manifeste à nous
Je ne me défends pas de ployer les genoux.