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LES ÎLES D’OR

Vaines religions, folles mythologies,
Présentez-moi vos dieux en belles effigies,
Et leur culte aussitôt me deviendra sacré
Et de toute ma foi je les adorerai.
Ne vous aimé-je pas d’un amour sans mélange,
Ô Vénus de Milo, toi, Nuit de Michel-Ange,
Vous, Saintes Vierges du suave Raphaël,
Et ta femme couchée aux chairs d’ambre et de miel,
Titien, et, Vinci, ta sublime Joconde ?
Et tant d’autres, et tant ! Car la race est féconde
Des bons artistes, saints révélateurs du Beau,
Qui n’en laissent jamais éteindre le flambeau,
Qui d’Isis entrevue ont soulevé les voiles,
Et qui, dans les airains, les marbres et les toiles
Vous font vivre pour nous avec leurs doigts pieux,
Ô lumière, couleurs, formes, fête des yeux !