Page:Richet - Traité de métapsychique.djvu/313

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Le chien Rolf, de Mannheim, et la chatte Daisy, ont présenté des faits curieux du même ordre. Il paraît que Rolf a spontanément indiqué qu’il savait calculer, et il avait appris le calcul en entendant des leçons données à un enfant[1].

Or nous ne pouvons pas supposer que Muhamed, Rolf, Hänschen, Berto, soient des êtres exceptionnels. S’ils ont donné des preuves d’intelligence, il est à peu près certain que d’autres animaux les donneraient aussi. Alors pourquoi les faits relatifs aux chevaux d’Elberfeld et aux chiens de Mannheim ne se sont-ils pas répétés ? Pourquoi sont-ils restés isolés dans la science, ou dans la légende ?

Si l’aptitude des chevaux au calcul était un phénomène vrai, et non une illusion, on devrait pouvoir faire des centaines de chevaux calculateurs. Or il n’en est pas ainsi. Le silence s’est fait sur les chevaux d’Elberfeld. On n’eu a pas montré d’autres. Pourquoi, si ce n’a pas été une illusion, isola temporis ?

Telle est, à mon sens, l’objection la plus grave qu’on puisse opposer aux faits allégués par Krall[2]. Elle est tellement grave, cette objection, qu’elle entraine presque la négation.

L’incertitude où nous sommes encore sur la réalité des faits nous commande d’être brefs sur la théorie.

On a émis l’opinion que c’était un phénomène de télépathie. Mais c’est tout à fait inadmissible. Grabow a obtenu des réponses exactes à des chiffres qu’il présentait au cheval, et que lui, Grabow, ne connaissait pas. Dans certains cas le cheval a répondu quand il était seul dans l’écurie.

De fait, il n’y a aucune raison valable pour chercher à admettre la télépathie. On n’explique pas obscura per obscuriora.

C. de Vesme a soutenu une ingénieuse hypothèse : c’est qu’il s’agit de faits médianimiques. Après tout, puisqu’il y a des raps intelligents dans une table, pourquoi n’y aurait-il pas une force

  1. Voy. Buchstabierende Hunde, Psych. Studien, 1918, XLV, 142).
  2. Depler, directeur de l’Institut vétérinaire de Prague, a osé dire que cette intelligence du cheval n’était pas possible, parce qu’il a, relativement au poids corporel, 10 fois moins de cerveau qu’un homme (!!) C’est ainsi que jadis, à la Société d’anthropologie, quelqu’un a dit que Gambetta n’était pas intelligent, parce que le poids de son cerveau était au-dessous de la moyenne des cerveaux humains.