Page:Richet - Traité de métapsychique.djvu/314

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intellectuelle actionnant les muscles et le cerveau d’un cheval, comme elle fait vibrer les planches d’une table ?

C. de Vesme cite à ce propos la curieuse observation d’un jeune homme de dix-neuf ans, appartenant à une famille très honorable, qui au moyen de la planchette (spirite), pouvait donner instantanément, c’est-à-dire au bout de trois à quatre secondes au plus, le résultat d’additions de plusieurs nombres, de six à sept chiffres chacun, opération arithmétique qu’il n’eût pu faire, avec du crayon et du papier, qu’en plusieurs minutes. L’automatisme inconscient, dans ce cas, fait plus vite et mieux que ne pourrait le faire le conscient.

Aussi de Vesme pense-t-il qu’il y a chez les chevaux d’Elberfeld un automatisme mental ressemblant à celui du médium. Et cela me paraît devoir être accepté, quoique à vrai dire ce ne soit guère une explication.

En tout cas l’automatisme de l’intelligence calculatrice des chevaux n’implique aucunement l’hypothèse d’un phénomène métapsychique, c’est-à-dire d’une force-intelligente différente des forces connues.

Après tout nous ne savons rien (ou très peu de chose) sur l’intelligence des animaux. Personne ne nous a indiqué quelles en sont les limites. Donc si un chien et un cheval font ce que peut faire un enfant de dix ans, dûment éduqué, cela indique seulement une grande extension de l’intellectualité des animaux.

Aussi provisoirement dirai-je que l’intelligence calculatrice des chevaux d’Elberfeld, si elle existe, comme cela est possible, prouve que les chevaux sont aptes aux calculs et aux raisonnements, mais que ces calculs et ces raisonnements ne dépassent pas l’intelligence des jeunes enfants.

C’est extraordinaire ; c’est invraisemblable ; mais cela n’a rien à faire avec la métapsychique qui nous ouvre des mondes inconnus.