Page:Rimbaud - Reliques, 1921.djvu/17

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

RELIQUES 9

ses simples recommandations, et, si Dieu voulait, en mourant peu après lui de la même mort que la sienne, pour aller dormir là- bas, près de lui, et rassurer ainsi son âme inquiète qui a craint que sur cette terre je ne l’oublie. L’oublier, moi ! Pourrais-je oublier mon bonheur, oublier celui qui a fait naître mon âme à une vie divine ! Est-ce qu’il n’est pas partout et tout dans les horizons merveilleux qu’il m’a découverts, lui, mon ange, mon saint, mon élu, mon aimé, mon âme !... »

On croirait lire dans l’Imitation de Notre-Seigneur. Même élan, même lyrisme du cœur puis des mots. Pourtant cette passion chrétienne, cette adoration fraternelle ne sont point chez Isabelle Rimbaud mysticisme de fille solitaire, car le rayonnement de sa flamme dévote et bondissante ne fit que croître en elle et l’illumina jusqu’à sa mort, étroitement enchevêtré avec l’affection profonde et dévouée qu’elle avait alors pour son mari, le poète, le bel et bon artiste Paterne Berrichon. Il faut se souvenir de ses pensées vers lui, de son anxiété dans « les