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Page:Rinn - Un mystérieux enlèvement, 1910.djvu/73

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veille, le chapeau a été trouvé ; pour qu’on visite les maisons voisines. Le lieutenant n’a pas d’ordres. Il refuse et ramène son monde à Loches, où il rédige son rapport (3 vendémiaire).

À Paris, l’émoi, le trouble ne sont pas moindres. Le Sénat a été convoqué d’urgence et reçoit communication de l’attentat dirigé contre un de ses membres[1]. L’enlèvement défraie tous les entretiens. L’opinion semble moins inquiétée du danger dont le retour de pareilles violences menace les particuliers, qu’indignée de l’atteinte portée à l’ordre public, à la confiance renaissante. Elle y voit le prélude de nouveaux désordres. La paix consentie était-elle un leurre ? Le feu qu’on croyait éteint va-t-il se rallumer ? Les journaux, le gouvernement partagent cette appréhension. On lit dans le Journal des Débats du 6 vendémiaire : « Les brigands ont déclaré qu’ils garderaient le Sénateur comme otage, et qu’ils en agiraient avec lui de la même façon dont on se conduirait avec un individu qu’ils se réservaient de nommer. » Pur racontar, mais suggéré par le souvenir des actes de brigandage qui, dans l’Ouest, avaient précédé la dernière prise d’armes : en réplique à la loi étendant aux parents des Vendéens la responsabilité des troubles survenant dans les provinces insurgées, les chouans avaient enlevé des patriotes, dont la tête devait répondre de ce qui arriverait de mal aux royalistes ; peu après, la guerre avait repris. Allait-il en être de même ?

Fouché lui, n’hésita pas. Dès l’abord il attribua le coup aux chouans. Il reconnaissait leur faire. Il

  1. Note du Moniteur et Archives nationales. F7 6265.