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Page:Rinn - Un mystérieux enlèvement, 1910.djvu/74

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amena le Premier Consul à partager sa conviction. L’affaire étant toute politique, il espérait garder la haute main dans l’instruction, la diriger selon ses vues, impliquer dans les poursuites – à titre provisoire ou définitif – ceux qu’il jugerait utile, supprimer au besoin et par raison d’État les intermédiaires entre lui et les prévenus, se renseigner par surcroît sur les agissements des royalistes, et, en fin de compte, tirant parti contre les chouans de l’enlèvement du Sénateur, tirant parti d’eux pour assurer sa délivrance, confisquer à son profit le bénéfice du succès, affirmer son habileté et affermir son crédit.

Il avait compté sans la défiance du maître, plus ou moins circonvenu par les adversaires du Ministre. Désireux de connaître directement et par un confident sûr, attaché à sa personne, les moindres détails de l’affaire, Bonaparte députa à Tours son aide de camp Savary, avec mission d’y mener une enquête parallèle à celle de la police. C’était greffer un nouvel élément de divisions sur ceux qui existaient déjà. Savary détestait Fouché. S’il offrait toutes garanties au cas où celui-ci aurait eu des accointances avec les auteurs du rapt, on pouvait craindre qu’il n’usât de ses pouvoirs pour contrecarrer son action, ce qui advint en effet et prolongea la détention du prisonnier.

Savary partit. En route, il croisa un courrier du Général Liébert apportant au Ministre de la Guerre les premiers détails sur l’événement, sur les mesures prises, le néant des recherches, le peu de fond à faire sur les habitants du pays pour aider l’œuvre de la justice. Le Général appuyait son dire du rapport du lieutenant Gaultron,