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titude. Du Vair recueille à la fois le bénéfice de tous les efforts qui viennent d’être tentés pour dégager la traduction de la traduction latine qui si longtemps l’avait comme enserrée de liens dont elle ne pouvait plus se défaire, et de ceux qui furent faits pour la rapprocher d’un texte exact. Ce texte exact, il ne peut plus l’ignorer puisque sa traduction est de près de trente ans postérieure à celle de Rivaudeau et que Rivaudeau annonçait déjà à la fin de ses Observations un ample travail sur Épictète. Il ne peut plus songer à paraphraser Épictète puisqu’il l’a déjà développé dans sa Philosophie morale des stoïques (1) ; il ne lui reste donc qu’à restituer le Manuel en français, le plus exactement possible, et c’est ce qu’il fit en somme.

Quel texte a-t-il entre les mains ? Sans nul doute, il a dû connaître les traductions françaises de ses prédécesseurs, parti-’ culièrement celle de Rivaudeau. A-t-il connu les traductions latines les plus proches de lui, celle de Wolf par exemple ? La question reste difficile à résoudre. Nous serions plutôt tenté de croire que Du Vair dut surtout s’en référer à un texte, sinon un manuscrit, du groupe de ceux qui furent utilisés par les éditeurs et, traducteurs français de la. première moitié du XVIe siècle, Neobarius et Caninius, et à la traduction latine de Politien, car il n’avait plus les mêmes raisons que Rivaudeau pour repousser l’appui d’un humaniste trop accrédité. Il ne craint pas d’emprunter à ce dernier ses divisions de chapitres et d’aller ainsi à l’encontre des corrections de Rivaudeau. C’est ainsi qu’il admet comme Politien les chapitres Il et 12, 15 et 16, 21 et 22, 30 et 31. Parfois, au contraire, c’est à Rivaudeau qu’il donne raison contre Politien. Il choisit ce qui lui paraît le plus conforme à son texte ou au bon sens, et c’est ainsi qu’il nous paraît parfois introduire quelques erreurs dans la traduction. Mais notons que c’est presque toujours aux passages qui avaient été déjà cités comme défectueux par Politien lui-même (2). Une seule fois même, il nous semble avoir

(1) La Renaissance du Stoïcisme au XVIe siècle, IIe partie, chap. VII.

(2) Du Vair, au chapitre 18, en traduisant : « Si vous voyez quelqu’un en dueil qui pleure, ou pource que son fils s’en est allé voyager, ou bien est mort », combine à