Page:Rivière - Recueil de contes populaires de la Kabylie du Djurdjura, 1882.djvu/124

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souper; la femme étendit une natte à terre, et il se coucha; la femme et son mari se couchèrent aussi. Quand tout le monde sembla dormir, celle-ci se leva, prit un couteau et tua son mari. Le lendemain, au point du jour, elle se mit à crier: «Voilà qu’il a tué mon mari!» Le village tout entier accourut, on saisit l’étranger, on le lia, et chacun apporta du bois pour brûler le coupable. Sidi Abd el Qader vint aussi et trouva son ami en larmes: «Qu’as-tu donc fait?» lui demanda-t-il. «Aucun mal,» répondit Sidi el Marouf. «Ne t’ai-je pas dit hier au soir, reprit Sidi Abd el Qader, disons la prière et que Dieu nous préserve du mal que nous n’avons jamais commis, et voilà que tu seras brûlé pour un crime dont tu es innocent!» Si el Marouf lui répondit «Amène cette femme.» — «Est-ce bien lui qui a tué ton mari?» demanda Sidi Abd el Qader. «C’est lui-même,» répondit-elle. Or, cette femme était enceinte; Sidi Abd el Qader interpela l’enfant qu’elle portait: «O petit enfant, dis-nous quel est le meurtrier de ton père?» L’enfant répondit: «C’est ma mère, fouillez dans ses cheveux, vous y trouverez le couteau dont elle s’est servie.» On fouilla dans