Page:Robert de Paradès - Mémoires secrets.djvu/62

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ble, en si peu de temps, auroit pu paroître incroyable, si j’avois négligé d’en indiquer les causes. J’ajouterai que si mon but unique eût été de m’enrichir, j’eusse pu doubler aisément mon avoir, en faisant usage des moyens les plus légitimes, & que j’ai négligé de donner mes soins à différentes affaires qui m’auroient procuré des bénéfices considérables, parce que ces soins auroient pu nuire à ceux qu’exigeoient les fonctions importantes dont le Gouvernement m’avoit chargé ; les entreprises que j’ai faites n’ont été qu’accidentelles, & lorsqu’elles se sont présentées sous l’aspect le plus facile.

Je dois vous justifier ce que j’avance, & donner les détails d’une affaire seule qui m’offroit un gain de 600,000 livres. J’ai en main toutes les lettres de M. de Sartine, qui en constatent la vérité, & l’on verra par quelle délicatesse j’ai négligé d’en faire mon profit.

Le navire le Westmoreland de 600 tonneaux, montant 32 pièces de canon, avoit été envoyé dans le Levant par une compagnie Angloise pour y prendre une cargaison en soieries & autres marchandises d’Asie. Il compléta son chargement dans les différens ports d’Europe, & se rendit à Mahon, où il vouloit attendre l’es-